Le 31 octobre, une page de l’école fribourgeoise s’est tournée. Les représentants des associations fribourgeoises d’enseignants ont partagé un repas «d’adieu» convivial avec Mme Chassot et ses chef-fe-s de service. A cette occasion, le président de la SPFF a adressé quelques mots à notre Conseillère sur le départ. En voici le contenu adapté.

«Par l’instruction, les enfants, nos élèves, entretiennent leurs racines, leurs valeurs et ouvrent leur esprit à la magie de la connaissance, à la joie d’un apprentissage consolidé ou à la découverte de l’autre. Pour arroser, traiter, parfois effeuiller l’arbre qui croîtrait trop vite, dans la mauvaise direction ou serait envahi de parasites, plusieurs ingrédients sont nécessaires. Par tous les passages successifs de leur scolarité, les élèves sont accompagnés, guidés par des enseignant-e-s que nous savons de grande qualité et dont l’implication et les efforts ont maintes fois été relevés.

Notre mission, au-delà de notre métier, nous permet jour après jour de créer des conditions favorables au développement de chacun. En cela, il me plaît aujourd’hui à nous considérer comme des jardiniers non pas seulement du savoir, mais du développement personnel de chacun, quels que soient ses racines, ses prédispositions, son environnement familial ou ses capacités. Dès lors, «lâchés» dans le terrain plus ou moins fertile d’une classe ou d’un établissement, nous avons besoin d’une guidance, de plans d’actions et de visions. Conduits par une Direction forte, donnant des indications précises et une feuille de route claire, les enseignant-e-s fribourgeois-e-s ont su, ont dû s’adapter au rythme des réformes parfois rapides, au rythme des décisions parfois controversées. Et cela, nous le devons à votre engagement, votre détermination, votre entêtement parfois, et celui de vos services. Tout au long des 12 années passées à la tête de la DICS, vous avez consolidé la position de l’école fribourgeoise. Vous avez su prendre des décisions au bon moment.

Nous avons pu participer à cet effort commun à travers cette volonté de partenariat qui vous tient à coeur et que vous avez cultivée année après année, malgré les difficultés, les moments de doutes ou les oppositions parfois farouches. Les racines nourrissent un arbre, et portent en elles leurs souvenirs. Souvenirs de rencontres, le plus souvent constructives, parfois tendues, souvenirs de partage d’idées et d’une volonté affichée de co-construire plutôt que d’imposer, d’écouter plutôt que de vouloir seulement se faire entendre. Souvenirs qu’avec vous il vaut mieux être prêt avec ses dossiers et factuel dans ses demandes, sans quoi votre vision, votre mémoire infaillible ou votre sens de la repartie nous plongeaient dans le doute. Souvenirs de quelques faits marquants jalonnant vos mandats successifs. Ils nous ont permis de grandir, de nous apprivoiser quelque peu, mais surtout de montrer que nous tirons tous à la même corde, que nous visons tous les mêmes objectifs.

Les racines portent en elles de nouveaux projets, saison après saison. Tous ceux que vous avez menés par des actes législatifs ou autres ordonnances ou décrets. Ceux d’avenir que vous laissez sur votre bureau et qui, nous le souhaitons, sauront trouver une concrétisation conforme à votre vision, au travail déjà fourni. Je pense à la Loi scolaire pour laquelle vous avez eu le courage de discuter de son contenu controversé lors de tables rondes où nous étions écoutés et respectés. Je pense aussi au concept et à la loi sur l’enseignement spécialisé, dossier qui là nous inquiète au plus haut point et sur lequel nous devrons reprendre des discussions avec votre successeur.

Des projets, la DICS n’en manque pas. Comme vous l’avez dit: «Cette école fribourgeoise est une maison en constante construction, à la fois solide et fragile, portée par les demandes souvent contradictoires de la société. Oui, l’école est un combat de tous les instants et sa refondation permanente est une mission confiée à chaque génération.»

Les racines permettent le développement, la vie et nous donnent des ailes. Au nom des associations d’enseignants et des enseignant-e-s de ce canton, je vous dis MERCI, Madame la Directrice, et bon vent sur les bords de l’Aar, dans la ville soeur de celle que vous quittez tout en y gardant de solides racines.»

* Proverbe oriental repris par Mme Chassot lors de son allocution au Grand Conseil fribourgeois.