Comme si on y était

Comme si on y était

Dans notre belle démocratie, critiquer les institutions et les autorités en place est un droit, souvent même un plaisir; voter pour que les choses changent une obligation. Oui, mais comment voter? Comprendre les enjeux, apprendre à voter, tout un programme! Pendant la journée du 4 février, les quelque 700 élèves et 34 classes du CO de Jolimont ont voté sous la responsabilité de Bernard Gasser, enseignant entre autres l’éducation à la citoyenneté, avec la participation d’une dizaine d’élèves de 3e année. 

Chaque élève reçoit un bulletin de vote, identique à l’original, il le complète correctement par un oui ou par un non et le glisse dans l’urne que la commune de Villars-sur-Glâne a gracieusement mise à disposition de l’école. Il présente sa carte d’étudiant au lecteur de cartes sous l’oeil attentif de deux élèves de troisième année préposées au contrôle du bureau de vote. Ces mêmes élèves ont été initiés aux nombreuses démarches des votations, étape par étape, par le responsable du contrôle des habitants de Villars-sur-Glâne. Auparavant, les classes ont reçu la documentation nécessaire pour comprendre les enjeux. Les élèves de troisième année leur ont aussi préparé les arguments pour et contre et un questionnaire.

– Qu’est ce qu’un référendum?

– Que signifient accords bilatéraux?

– Qu’est-ce que la libre circulation des personnes?

– A quelles conditions les membres de l’UE peuvent-ils venir travailler en Suisse?

– Qui sont les Roms? – Quels sont les arguments pour, les arguments contre?

– Que va-t-il se passer si la Suisse accepte/refuse ces accords?

Les enseignants se gardent bien d’influencer leurs élèves, mais répondent à leurs questions. Ceux-ci trouvent le texte difficile à comprendre. Nombreux sont ceux pour qui les accords bilatéraux sont abstraits. Ils sont jeunes, nés avec la libre circulation des personnes. La fermeture à nouveau des frontières leur paraît complètement irréelle. Dans l’école, une enseignante est Roumaine, elle vient aussi voter et explique en toute simplicité ce qui va lui arriver si la Suisse refuse la libre circulation des personnes, avec extension à la Bulgarie et la Roumanie: son fils devra quitter la Suisse. Incompréhensible et choquant pour beaucoup.

Une élève raconte qu’elle vient de passer des vacances en Roumanie: «Ils sont incroyablement accueillants et serviables, généreux alors qu’ils ont si peu» dit-elle. «Des Roms, on en a vus qui faisaient la manche dans la rue, mais ils ne nous ont rien volé», ajoute-t-elle. Emilie et Line ont dessiné, scanné, colorié elles-mêmes les affiches, ça leur a pris pas mal de temps, mais elles sont fières du résultat. Line a travaillé sur l’inversion des affiches de l’UDC: les corbeaux sont utilisés pour montrer la diversité et la multiculturalité en Suisse, «il existe des corbeaux de toutes les couleurs et j’ai entendu dire qu’on pouvait même les apprivoiser…» Emilie joue aussi sur l’inversion des affiches des «pour»: Roumains et Bulgares viennent manger les fruits des Suisses, en ajoutant même des passeports suisses en guise d’escabeau. Mais elle ajoute que cette affiche ne présente pas du tout son point de vue. En fin de journée, quand la dernière classe a passé au bureau de vote, c’est le dépouillement.

Les élèves sont heureux du résultat: 72% ont dit oui contre 29% non. En parlant avec les uns et les autres, l’impression est la suivante: dans une première lecture rapide, la tendance est souvent de dire non; après explications et réflexions, ils changent d’opinion.

Dorénavant, voter ne leur paraîtra plus comme une vague démarche à bien plaire. Ils en parleront à la maison. Pour la plupart des élèves en fin de scolarité obligatoire, c’est la dernière chance d’apprendre à voter. «Dorénavant lire le journal devient intéressant », commente encore un élève, «avant on n’y comprenait pas grandchose. »

Bravo et merci à Bernard Gasser qui a investi beaucoup de temps pour que ces votations se déroulent aussi bien, à ses élèves pour leur enthousiasme et la qualité de leur préparation et à Philippe Jean, directeur, qui a mis les structures de l’école à leur disposition.

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