Les amateurs de hockey savent pertinemment qu’il n’est pas bon pour leur équipe de se retrouver en désavantage numérique, car une unité de moins sur la glace augmente les risques d’encaisser un goal… Cet article n’est pas là pour évoquer un quelconque rapport avec le sport, mais plutôt de se concentrer sur le numérique. 

Le numérique est sur toutes les langues et dans toutes les têtes, il n’est quasi plus possible de parcourir une revue en lien avec l’éducation qui ne fasse la part belle à ce sujet. Je vais donc profiter de cet effet de mode pour exprimer quelques constatations faites dans nos classes.

On se plait à dire que la génération actuelle est née avec un téléphone portable à la main et que les jeunes maîtrisent les outils informatiques avec une grande facilité. Laissez-moi apporter un léger bémol à cela, après avoir observé depuis quelques années des classes valaisannes de la 9CO à la 11CO.

Il est vrai que l’utilisation de certains appareils semble innée chez nos élèves. Cependant, il est intéressant de voir ce qu’ils sont capables de faire lorsqu’on leur demande de réaliser une tâche à l’aide d’un outil informatique. Le constat est bien moins positif. Prenons un exemple simple, le curriculum vitae. Placez un élève du CO en face d’une page blanche avec un certain nombre de consignes afin de concevoir un CV et regardez ce qu’il en sort en premier essai… le constat est peu réjouissant. Je pourrais être encore plus pessimiste en calculant le temps qu’il faut à un élève pour retranscrire un de ces textes sur un document word, et là, je ne parle pas de la qualité de la mise en page. La présentation powerpoint est un peu mieux maitrisée, mais cela reste une exception, car les élèves doivent en réaliser régulièrement. L’utilisation même d’un courriel s’avère compliquée pour certains élèves de 11e. On me dira alors que nos chers apprenants naviguent aisément sur le net... certes, mais pour quelle efficience? La récolte d’informations est chaotique et très, trop régulièrement simpliste et mal orientée. Que dire de l’esprit critique qui devrait accompagner cette tâche? Absente dans la majeure partie des recherches. La première entrée leur est souvent suffisante et ils ne remettent pas en cause une seule seconde l’information.

Je ne dresse pas un portrait très élogieux des compétences de nos élèves dans ce domaine, mais il ne faut pas leur en tenir rigueur. En effet, convaincu que l’outil était maîtrisé, on a réduit comme peau de chagrin les cours d’informatique au CO valaisan. La conviction que la manipulation et la maîtrise de l’outil numérique se développeraient à travers les autres branches était un pari audacieux, mais risqué. Le temps consacré et à consacrer à ce genre de réalisation n’est pas suffisant.

Il faut tout de même relever que certains élèves s’en sortent extrêmement bien et qu’ils ont développé très rapidement des compétences pointues en montage de film ou en programmation; hélas une grande part reste en retrait et n’entrera pas dans le monde professionnel avec les aptitudes espérées dans ce domaine.

À l’aube d’une ère numérique dans l’enseignement, n’oublions pas trop vite que, même avec des prédispositions à la manipulation d’un outil, un minimum d’apprentissage est nécessaire pour pouvoir l’utiliser de manière correcte.