La victoire de la LEO et l’éviction d’Ecole 2010 ont posé un cadre. Le sujet de la toile et sa palette sont maintenant connus. Il s’agit désormais de peaufiner le tableau, afin que celui-ci soit le plus juste, le plus exigeant et cohérent possible.

Le contexte de l’écriture du règlement de la LEO oblige à une très large mise en perspective. Ce texte d’application ne peut être en effet stabilisé sans tenir compte des travaux obligatoirement menés en parallèle sur la future Loi sur le personnel enseignant – sujette à négociations que l’on imagine déjà très conflictuelles… –; sans que des avancées concrètes ne se réalisent sur le cahier des charges; sans que l’on oublie qu’en arrière-plan doit être repris l’avant-projet de Loi sur la pédagogie spécialisée… On mesure l’étendue des chantiers à mener en parallèle et en articulations pertinentes.

Dans ce contexte déjà difficile, le calendrier électoral vaudois n’est pas favorable à une avancée rapide: on peut comprendre que la cheffe du département ne se risque pas à l’aventure avant que les urnes, en mars 2012, ne révèlent leur verdict. En conséquence de cette échéance, certains semblent déjà penser que la LEO ne pourrait entrer dans sa phase effective qu’à la rentrée 2014!... Certes, la SPV n’acceptera ni bricolage ni précipitation. Cependant, nous persistons à penser que le règlement de la LEO devrait être accepté par le Conseil d’Etat dans un délai qui permette à celle-ci d’entrer en vigueur à la rentrée 2013 au plus tard: plus on s’éloigne de la culture partagée qui a permis à la LEO de l’emporter, plus on risque de perdre l’énergie positive qui a autorisé ce succès. La méthode Lyon, appuyée sur une relative hypertrophie consultative, si elle a conduit aux résultats du 4 septembre dernier, ne doit pas justifier pour autant que l’on s’endorme.

Ecole 2010 a perdu. Nous ne voyons pas que ses défenseurs doivent être plus que cela participants aux travaux à venir. Trop d’éléments issus des rangs des défenseurs de l’initiative se retrouvent déjà dans la LEO. Selon les articles de la nouvelle loi et les orientations du slogan retenu dans la campagne, le règlement de la LEO se doit de permettre l’émergence d’une école plus juste, plus exigeante et plus cohérente.

C’est sous cet angle que les questions suivantes ont, de manière non exhaustive, d’ores et déjà été travaillées et réfléchies par les instances de la SPV: la déclinaison formelle et concrète de la maîtrise de classe au primaire; la gestion de l’augmentation du nombre d’élèves à l’école enfantine (double effet de l’avancée de l’entrée des enfants en enfantine et du fait que celleci soit désormais obligatoire); les conditions et les critères de l’orientation en voies, du placement des élèves dans les niveaux en français, maths et allemand et de leurs transferts entre ces derniers; les critères de promotion; la gestion et les bornes à donner, tant aux effectifs des classes qu’à ceux des regroupements par niveaux en Voie générale; le passage des années 7 et 8 HarmoS au primaire (maîtrise de classe et statuts respectifs des généralistes et des spécialistes); la mise en place des mesures d’accompagnement des élèves les plus faibles et, sur ce champ, le fait d’éviter que l’enseignement dit consolidé ne conduise à la simple reconstruction de la VSO!...

Selon la SPV, le règlement de la nouvelle loi devrait être adopté à la rentrée 2012 et l’année scolaire 2012-2013 consacrée à l’organisation de la rentrée 2013 sous le régime de la LEO. Dans ce contexte, et en regard du changement d’organisation du secondaire I, la question du passage du système actuel en trois voies à celui requis par la LEO – soit deux voies et deux niveaux dans trois disciplines en Voie générale – est délicate et cruciale. Elle nécessite un cadre opérationnel stabilisé. A ce stade, nous proposons que la rentrée d’août 2012 soit la dernière selon la loi actuelle. Et qu’en juillet 2013 soient remis les derniers certificats respectifs de VSB, VSG et VSO. Ainsi, les élèves orientés en VSO ou en VSG en 2012 devraient être regroupés dans de nouvelles classes de Voie générale à la rentrée 2013 – comportant 50% d’ex-VSO et 50% d’ex-VSG! – où ils accompliraient leurs deux dernières années de scolarité. Les élèves orientés en 2011 en VSO ou en VSG devraient, quant à eux, également être regroupés de la même manière dans la Voie générale pour leur dernière année scolaire.

L’opération serait très ardue, on le sait. Mais ce serait aussi un joli défi posé aux établissements. En revanche, faire cohabiter deux systèmes conduirait à ne respecter la décision du peuple que pour une partie des enfants de celui-ci, deux textes différents cohabitant de manière concomitante. C’est, politiquement, difficilement tenable.

Reste la question des moyens que le DFJC désire mettre dans l’opération. Si l’on veut que la LEO et ses orientations soient respectées, le département doit considérer cette transition comme la mère de toutes les batailles.