Souvent, nous déplorons les contraintes administratives qui ralentissent fortement les processus décisionnels et entravent ainsi des projets essentiels. Toutefois, les changements effectués précipitamment, sans analyse sérieuse de leurs conséquences, peuvent également avoir de fâcheuses incidences.

Lors de la construction d’une maison, on distingue trois phases. Tout d’abord, on demande à un architecte de dessiner un plan en tenant compte des desiderata du propriétaire, de l’emplacement du terrain et du budget. Lorsque le plan est terminé, on en vérifie les grandes lignes (répartition des espaces), mais aussi les petits détails (sens de l’ouverture des portes, nombre de prises de courant, position des interrupteurs, etc.). Puis, alors que les corps de métiers se mettent au travail, survient l’heure du choix de l’aménagement des différentes pièces. Et, finalement, arrive le moment tant attendu de l’installation. Malgré toute l’attention portée lors des deux premières phases de la construction, ce n’est qu’après avoir vécu un certain temps dans son nouveau chez-soi – au minimum un cycle des saisons dans son intégralité – qu’on découvre concrètement les avantages et les inconvénients de son logement. Commence alors une phase de réflexion afin de déterminer les améliorations à y apporter.

La nouvelle loi sur le cycle d’orientation s’est construite comme une maison. D’abord, tous les acteurs de l’école se sont rencontrés pour dessiner un plan. Ces «architectes» se sont réunis à maintes reprises afin d’élaborer un projet satisfaisant à présenter au Grand Conseil. Puis, une fois la loi adoptée par le Parlement, les «ingénieurs» se sont mis au travail et ont supervisé la mise en oeuvre de ce chantier; ils ont résolu les problèmes organisationnels et ils ont vaincu les résistances pédagogiques. Finalement, en août 2011, est arrivé le moment tant attendu de l’installation… En ce moment, nous découvrons toujours ce «nouveau CO» puisque nous n’avons pas encore expérimenté le système dans son intégralité; les premiers élèves diplômés ne termineront la 11e année HarmoS qu’en juin 2014. Or, ce qui nous interpelle et ce qui nous inquiète actuellement, ce sont les modifications importantes d’ores et déjà envisagées pour cette nouvelle loi (changements concernant la grille horaire de 11e, les conditions de promotion et les conditions d’admission aux formations subséquentes) qui pourraient entrer en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire. Pourquoi faut-il agir si précipitamment? Nous ne nous opposons nullement à une analyse du nouveau système afin d’y apporter des améliorations, mais nous demandons aux autorités d’attendre avant d’effectuer des modifications; il nous faut davantage de temps afin d’acquérir l’expérience et le recul indispensables à un examen pertinent du nouveau cycle d’orientation.