«Plus utile que jamais, il garde une vue d’ensemble sur un patient éclaté.» C’est du médecin généraliste qu’il s’agit, sous la plume d’Alain Jeannet dans l’édito de l’Hebdo No 7. La médecine est toujours plus pointue et hyperspécialisée, mais le patient en est le bénéficiaire et la victime. La pénurie de généralistes menace, le nombre de médecins de famille est en chute libre. 

A l’heure où la CDIP et les HEP constatent que trois ans ne suffisent pas pour former un enseignant généraliste digne de ce nom, à l’heure où, plutôt qu’augmenter le temps de formation, on choisit de doter les futurs enseignants primaires de diplômes «semi-généralistes », la pénurie annoncée du médecin de famille et cette ode au travail médical du généraliste nous poussent à oser tirer des parallèles. En Suisse romande, 60% des médecins généralistes ont plus de 55 ans, et la relève n’est pas là! Une grave pénurie guette la Suisse, le Parlement devra s’en occuper en mars. En cause la spécialisation qui est plus prestigieuse (aussi au niveau salarial), la crise d’identité, la féminisation et le temps partiel, tout comme dans l’enseignement. «Que faire?» demande l’Hebdo, qui répond tout de suite, «Il faut commencer par revaloriser la formation.» Et d’évoquer des pistes existantes qui conduisent à une formation «spécialisée» de généraliste, très fortement articulée théorie-pratique. Là aussi, le parallèle avec l’enseignement est évident. En médecine comme à l’école, le travail de ce référent «à tout faire» est dévalorisé et largement sous-estimé. Pourtant, beaucoup s’accordent à dire qu’il est indispensable. A tel point que d’aucuns, au niveau médical, veulent lui coller le label de «coach-santé». Mais Alain Jeannet émet une sentence, qui est aussi valable pour les enseignants: «Inutile effort cosmétique. Un mot suffit à exprimer la beauté de la vocation: généraliste.»