Renouveler l’enseignement du français: telle est l’ambitieuse entreprise à laquelle s’est attelé dès le début des années 70 le Pr Bertrand Lipp, entouré d’équipes d’experts, pour donner suite aux nouveaux programmes d’études CIRCE*.

Trente-cinq ans après la sortie de Maîtrise du français, que reste-t-il dans les mémoires et dans les pratiques d’une méthodologie à l’époque à la fois applaudie ici mais conspuée là?

Rassemblée par Jean-Marie Veya, une équipe d’ancien-ne-s animatrices et animateurs des cours d’introduction à l’enseignement renouvelé du français a sollicité Bertrand Lipp pour former le groupe de Lutry et proposer le dossier du présent numéro. Entre souvenirs et hommages rendus à l’immense travail fourni par les rédacteurs de MdF et des moyens d’enseignement qui ont suivi, on y rappelle les différentes étapes qui ont mené à cette rénovation, en un temps «d’ouverture où tout semblait possible, sans internet ni réseaux sociaux, où la question de l’allophonie n’était pas centrale, ni celle de l’apprentissage de deux langes au primaire» (p. 9). On y souligne «l’enthousiasme et l’engagement des élèves» (p. 4) dès lors invités à jouer avec le français, ses mots, ses difficultés: «Bertrand Lipp (…) voulait déculpabiliser la faute et encourager la créativité.» (p. 8)

Aujourd’hui, si les principes généraux de MdF se retrouvent dans le Plan d’études romand, les moyens d’enseignement ne sont plus les mêmes, ce que beaucoup regrettent: «La partie la plus aboutie du travail de ces rénovateurs doit être connue des nouvelles générations d’enseignants, de formateurs et de didacticiens du français» (p. 17). Puisse ce dossier y contribuer.

Bonne lecture. 

* Commission interdépartementale romande de coordination de l’enseignement