Priorité à la formation, enseignants sous pression
La priorité à la progression des enfants nécessite un fort engagement du corps enseignant qui n’est pas nécessaire quand la hiérarchisation et la sélection des jeunes priment sur leur formation. Opérer la sélection des enfants s’avère beaucoup plus aisé que de les former, mais ce temps est révolu. La tâche des enseignants se complexifie au fur et à mesure que la priorité à la formation s’accentue.
L’école a fondamentalement changé depuis quelques décennies: la proportion des enfants disposant d’un bon niveau de formation à la fin de l’école obligatoire est en augmentation. La réalité est à l’opposé du sentiment de baisse de niveau qui anime les béotiens de l’école dont le jugement ne repose que sur la maîtrise de l’orthographe et les performances en calcul mental affichées par les enfants d’aujourd’hui. L’orthographe et le calcul mental sont en effet scolairement moins choyés que par le passé et il est absolument absurde de mesurer les connaissances et les savoir-faire acquis à l’école exclusivement par le biais de ces deux disciplines. L’école tente d’évoluer avec son temps. L’accès à un travail correctement rémunéré est devenu impossible sans formation; «un individu sans formation est socialement mort», pour reprendre l’expression de notre président romand Georges Pasquier. Le contexte idéologique dans lequel la priorité à la formation se fait jour dans nos écoles n’est plus celui de l’égalité des chances.
Servir les mêmes ingrédients pédagogiques à chaque enfant, dans un souci égalitaire, puis le juger sur ce qu’il a su en faire ne constitue plus une démarche dans l’air du temps. La poussée individualiste qui s’est imposée dans notre société de consommation privilégie une approche plus individualisée de l’enseignement, basée sur les caractéristiques et les capacités de l’enfant, et qui débouche logiquement sur un enseignement différencié. Le défi est de taille pour un corps enseignant qui vit une véritable augmentation des exigences de l’exercice de sa profession, malheureusement souvent peu perceptible pour celles et ceux qui ne sont pas du métier et trop systématiquement occultée par les représentants des diverses autorités scolaires. La revalorisation salariale dans les deux premiers cycles de la scolarité, un enseignement ordinaire plus inclusif et le projet de rénovation du cycle 3 s’inscrivent dans cette nouvelle forme de priorité à la formation qui met les enseignants sous pression.
La formation, les conditions de travail et les salaires des enseignants doivent être à la hauteur des défis pédagogiques que le corps enseignant est sommé de relever au sein d’une institution scolaire plus intégrée, plus inclusive et qui vise une réussite scolaire de nos enfants concrétisée par une formation professionnelle ou académique après l’école obligatoire.
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