SEfFB: Politique cantonale – Adapter la Constitution aux nouveaux défis - 04/2024

SEfFB: Politique cantonale – Adapter la Constitution aux nouveaux défis

Formation Berne a lancé au début de l’année une initiative constitutionnelle cantonale pour garantir la qualité de la formation dans le canton.

 

 

La Constitution fédérale octroie aux vingt-trois cantons et aux trois demi-cantons du pays la responsabilité de pourvoir «à un enseignement de base suffisant ouvert à tous les enfants et gratuit dans les écoles publiques». En d’autres termes, l’instruction publique obligatoire est de leur ressort.  Mais le canton de Berne en fait-il assez dans ses domaines de compétences? Le débat agite en permanence le landerneau politique, en particulier le Grand Conseil bernois qui compte une trentaine d’élues et d’élus actifs dans le domaine de la formation – soit en tant qu’enseignantes et enseignants, soit comme responsables d’établissements scolaires.

Ces représentantes et représentants du peuple bernois devraient sans doute bientôt se prononcer sur une importante initiative cantonale qui promet de vifs débats. Elle souhaite répondre aux nombreux nouveaux défis qui touchent l’enseignement bernois. Portée par l’association Formation Berne, elle veut compléter la Constitution cantonale afin d’y ancrer la notion de «qualité de la formation».

 

Trois articles de plus

Forte de plus de 10’000 membres, l’Association des professionnel·les de la formation scolaire dans le canton de Berne veut ajouter trois alinéas à l’article 43 de la Constitution cantonale bernoise. Actuellement, cette dernière stipule d’abord que «le canton et les communes entretiennent des jardins d’enfants et des écoles et que l’enseignement respecte la neutralité confessionnelle et politique». Il rappelle ensuite que «le canton et les communes peuvent allouer des subsides aux écoles privées qui assument des tâches publiques». Enfin, il ajoute que «le canton règle la surveillance sur les écoles privées et sur l’enseignement privé.»

Cet article vieux de trente ans est-il encore adapté aux défis actuels que connait le monde de l’éducation dans le canton de Berne? Non, estime clairement Formation Berne. Lors la présentation de cette initiative, son directeur Stefan Wittwer avait d’abord insisté sur le fait que «le canton et les communes doivent veiller à garantir sur tout le territoire une formation de haute qualité en mettant à disposition les moyens nécessaires pour y parvenir». Pour faire face à la pénurie grandissante de personnel enseignant qualifié, elle veut aussi «faire en sorte qu’il y ait suffisamment de personnel enseignant qualifié pour former les élèves». Dans le deuxième canton le plus peuplé de Suisse, cette pénurie d’enseignantes et d’enseignants concerne essentiellement sa partie alémanique. «Mais elle commence à toucher aussi la partie francophone du canton, surtout au niveau des remplacements», a tenu à rappeler Alain Jobé, responsable francophone de Formation Berne. Enfin, l’initiative souhaite aussi ancrer dans la Constitution le fait que «les communes et le canton doivent veiller à ce que le travail du personnel enseignant profite en premier lieu aux élèves».

Il y a de plus en plus urgence. Car si «les directions des écoles parviennent encore à pourvoir les postes en improvisant, souvent avec des personnes sans diplôme d’enseignement», le comité d’initiative estime aussi que «ces solutions d’urgence ne doivent pas devenir permanentes». Cette initiative tient à rappeler que la pression sur les écoles augmente, notamment car non seulement le nombre d’élèves continue d’augmenter, mais aussi qu’un tiers des enseignantes et des enseignants, membres des fameux baby boomers, partira à la retraite dans les dix prochaines années. En conséquence, sans mesures correctives, la pénurie risque de s’accentuer et la qualité de l’enseignement sera encore plus menacée. Or Alain Jobé rappelle que «garantir la qualité de la formation des enseignantes et des enseignants permet aussi d’assurer l’avenir des jeunes». Cette initiative est aussi une manière de taper du poing sur la table. «On sait que dans le canton de Berne, la loi permet actuellement d’engager un peu n’importe qui. C’est un des seuls qui le permet», s’indigne le Jurassien bernois.

 

Motion controversée

Lors de la session du Grand Conseil bernois de juin, un premier débat permettra de mesurer la température. Le parlement cantonal va en effet se prononcer sur une motion très controversée du député Vert’libéral Michael Ritter. Afin de faire face à la pénurie d’enseignantes et d’enseignants, ce professeur au Gymnase de Berthoud souhaite en effet doter les auxiliaires de classe du statut d’assistantes et d’assistants scolaires. Une proposition que le Conseil-Exécutif accueille plutôt fraichement: «Les auxiliaires de classe soutiennent les enseignantes et les enseignants, mais ils ne sont pas responsables, d’un point de vue pédagogique et didactique, de la planification et de la mise en œuvre de l’enseignement.» Le Gouvernement bernois va même plus loin. «Un tel changement provoquerait de l’inquiétude au sein des directions d’école et parmi les enseignantes et enseignants, car la délimitation des tâches et des responsabilités en termes d’enseignement entre le personnel enseignant qualifié et les auxiliaires de classe devrait être redéfinie et serait plus complexe. Il convient donc de ne pas mettre en péril le système efficace actuel.» Avant d’enfoncer le clou: «Le Conseil-exécutif est d’avis que cette proposition n’apporte aucune plus-value.» D’où sa conclusion sans appel: «Pour ne pas compliquer la distinction entre les enseignantes et enseignants au bénéfice d’une qualification professionnelle reconnue et les auxiliaires de classe non qualifiés», il recommande le rejet de cette motion.

Un avant-gout du débat qui aura lieu lors du traitement de l’initiative constitutionnelle cantonale de Formation.Berne? Ses auteurs ont six mois pour récolter au moins 15’000 signatures valables pour que ce débat ait lieu. D’abord au Grand Conseil, puis avec l’ensemble du peuple bernois. 

 

Mohamed Hamdaoui

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