> Mireille Cifali (2018). S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation. Éd. puf. 

Il y avait un mystère «Mireille Cifali» à l’Université de Genève. Ce livre permet de découvrir des éléments essentiels du dessous des cartes. De ce qui se jouait là, autour de sa présence, ses paroles, ces histoires professionnelles qu’elle nous racontait et ses demandes de nous faire parler et écrire en «je». Et puis, cette certitude de chacun, alors que nous étions des centaines à travailler avec elle, que ses paroles étaient dites pour nous.

Mireille Cifali questionne ici, avec nous lecteurs bien sûr, en quoi tout cela, du plus intime de ses gestes aux techniques utilisées, pouvait toucher chacun de nous, dans nos histoires de vie d’étudiant ou de professionnel. Et finir par nous former. C’est à partir de sa propre expérience de clinicienne de la formation, de sa pratique d’accompagnement de groupes d’étudiants ou d’étudiant solitaire, qu’elle explore ainsi la question de l’engagement. En ne s’épargnant aucune question sur ce qu’elle a fait et pas fait, dit et pas dit en professionnelle, elle dévoile ce qui peut conduire à s’engager dans le savoir - de sa quête à sa transmission - de tout son être.

Elle nous permet de comprendre comment esprit et corps s’allient dans la parole, quand celle-ci a trouvé un rythme et une voix pour la porter - angoisses et maladresses comprises -, pour faire du savoir à transmettre un objet vivant, construit en relation entre un professeur et ses étudiants. Elle nous raconte comment tenir un cap se créant au fur et à mesure du chemin parcouru; comment techniques, écriture et éthique sont des leviers sur lesquels prendre appui si l’on veut porter une attention extrême à chacun de ses étudiants.

Ce livre nous apprend à nous engager. À ne jamais nous dérober pour que former et se former deviennent des actions d’existence favorisant un surcroît d’être autant que de savoir. Il en annonce deux autres à paraître, écrits dans le même temps pour des raisons de cohérence. Merci Mireille Cifali! 

> Stanislas Dehaene (2018). Apprendre. Les talents du cerveau, le défi des machines. Éd. Odile Jacob. 

Admirons-nous assez notre cerveau? Sa capacité d’apprentissage est le génie du genre humain. Nos enfants sont dotés au départ d’un formidable outil. Comment un enseignant peut-il tirer parti de ce potentiel face à ses élèves? Un des chapitres de ce gros bouquin est intitulé «Comment réconcilier l’éducation avec les neurosciences ». L’auteur nous donne treize maximes pour l’épanouissement des enfants.

– La première est: ne les sous-estimons pas. Dès la naissance ils possèdent de riches noyaux de compétences.

– Profitons des périodes sensibles, notamment pour leur apprendre une seconde langue dans les premières années de leur vie.

– Enrichissons leur environnement, en leur parlant comme avec un adulte.

– Ne croyons pas qu’ils sont tous différents, leurs circuits d’apprentissage sont très semblables.

– Faisons attention à l’attention: aucune information ne sera mémorisée si elle n’a pas été amplifiée par l’attention et la prise de confiance.

– Rendons l’enfant actif, curieux, engagé, autonome. Sollicitons en permanence son intelligence afin que son esprit génère constamment des hypothèses nouvelles.

– Faisons de chaque jour d’école un plaisir. Le sentiment d’être apprécié, mais aussi la conscience de progresser, apportent leur propre récompense.

– Encourageons les efforts. Cessons de faire croire aux enfants que tout sera facile, ce qui leur laisse entendre que s’ils n’y arrivent pas, c’est qu’ils ne sont pas doués.

– Aidons les élèves à mieux approfondir leur pensée. Le cerveau retient mieux les informations qu’il a traitées en profondeur.

– Fixons des objectifs clairs à leur apprentissage. On apprend mieux quand le but à atteindre est bien défini.

– Acceptons et corrigeons les erreurs. L’erreur rectifiée est la condition même de l’apprentissage.

– Révisons encore et encore. Apprendre ne suffit pas, il faut consolider.

– Laissons les enfants dormir. C’est essentiel pour bien assimiler!

Mais est-ce vraiment treize nouveautés?