La récolte des signatures en faveur de l’initiative «jeunesse + musique» s’est faite sur le tempo allegro. A une large majorité, le Conseil national met tout ça en mode majeur. Mais le Conseil fédéral y met un gros bémol.

 Voici une nouvelle qui va réjouir plus d’un parent et plus d’un enseignant: dernièrement, le Conseil national a décidé, par 126 voix contre 57, de recommander l’acceptation de l’initiative populaire «jeunesse + musique». Un bémol à la clé, pourtant: au nom du fédéralisme, le Conseil fédéral s’y oppose. Notre ministre de l’Intérieur Didier Burkhalter ose même évoquer «une atteinte à la souveraineté cantonale et au fédéralisme » (paroles en mode mineur parues dans la presse de fin septembre). Pourtant, depuis des années, la Confédération investit d’importants fonds pour le développement sportif de nos jeunes. Et les résultats sont tangibles. Les jeunes bougent. On organise des tournois scolaires dans différentes disciplines sportives et les élèves se prennent au jeu. En fin d’été, nos journaux ont fait état d’une telle manifestation qui s’est déroulée en collaboration entre le canton du Jura et le Jura bernois. Alors, de quoi ont peur les conseillers fédéraux? Qu’on leur joue une mélodie dissonante lorsqu’ils s’adonnent au petit jeu des chaises musicales à la tête des départements? Ou bien, une fois de plus, est-ce la dépense qui les rend grognons? Parce que, bien entendu, le fait d’harmoniser et d’encourager l’enseignement de la musique aux jeunes ne va pas amener les futurs budgets de la Confédération en mode majeur.

Je vous en faisais part dans mon dernier billet: la Confédération tient à tout prix à rejeter le maximum de charges sur le dos des cantons. Et ensuite, à eux de se débrouiller avec leurs taux d’imposition. Il est inutile de faire un dessin pour vous dire quels partis tirent un intérêt de telles situations.

Et puis, en haut lieu, on préfère investir (voire parfois vilipender) en faveur des directeurs de banques et des compagnies d’assurances. La musique pour les jeunes, c’est, semble-t-il, aux yeux de nos dirigeants, un investissement à fonds perdu. Quoique, sait-on jamais, avec l’arrivée de Simonetta Sommaruga qui a des années de piano derrière elle, ces Messieurs-Dames daigneront peut-être un petit peu modifier leur point de vue. Il est utile de préciser que l’initiative «jeunesse + musique» a été déposée voici deux ans déjà. Elle est munie de 153’000 signatures. D’après maints orateurs, elle peut renforcer la cohésion nationale, favoriser le développement de la personnalité, ainsi que le développement social.

Il reste à souhaiter que le peuple suisse accepte l’initiative en question pour que les jeunes de tous nos cantons chantent et jouent aussi bien que les Fribourgeois, pour citer un canton romand.