Interventions divines et burlesques

En plein désert, avant d’être cueilli par la police, Amine enterre un magot en camouflant sa cachette sous l’aspect d’une tombe. Dix ans de prison plus tard, Amine revient récupérer sa fortune. Mais une petite ville a poussé tout près, vivant de l’attrait du Mausolée du Saint-Inconnu qui recouvre la fameuse tombe … ! Cette fable moderne de l’absurde, doublée d’un film choral avec des personnages truculents, porte un regard amusé et grave sur les ravages de la crédulité. Le Miracle du Saint-Inconnu, Alaa Eddine Aljem, Maroc. Au cinéma depuis le 22 janvier.

Joe est un autre

Alice, biologiste, a conçu Little Joe, une fleur génétiquement modifiée au marché prometteur. L’inhalation de son pollen est censée procurer un bonheur instantané. Mais les premiers essais, notamment sur Joe, le fils d’Alice, montrent une forme d’aliénation et de perte d’empathie. Ce changement est-il dû au parfum porteur d’un virus pathogène ou à l’évolution psychologique de Joe ? Un thriller d’anticipation brillamment mis en scène et porté par l’actrice Emily Beecham, meilleure interprétation féminine, Cannes 2019. Little Joe, Jessica Hausner, Autriche/UK. Au cinéma dès le 29 janvier.

Créer c’est résister (et réciproquement !)

Malgré les appels voisins à la prière, quatre septuagénaires trimballent leur ciné-club itinérant avec le film Les Temps Modernes dans les quartiers de Khartoum. Ces anciens cinéastes qui ont vécu la décolonisation, trois démocraties et trois dictatures aspirent à restaurer le cinéma La Révolution... L’élégance, la modestie et l’humour désespéré nourrissent leur indéfectible optimisme face à l’obscurantisme. Meilleur film, Tanit d’Or, Carthage 2019. Talking about trees,Suhaib Gasmelbari, Soudan/France. Au cinéma dès le 29 janvier.

Un paroissien en rien orthodoxe

Détenu pour crime dans un centre pour mineurs, Daniel est muté dans une menuiserie de l’Est polonais. Il bifurque par un village où son col romain (il rêve de prêtrise) impressionne le curé local en quête d’un remplaçant. Daniel exalte les fidèles par des sermons simples et de bon sens. Grâce à la performance magnétique de l’acteur jouant Daniel (Bartosz Bielena), cette usurpation inspirée d’un fait réel rend compte avec force du conservatisme ambiant, de la rédemption et du pardon. La Communion, Jan Komosa, Pologne. Au cinéma dès le 5 février.

Ombres et lumières au féminin

En pleine médina de Casablanca, une jeune femme, Samia, enceinte jusqu’aux yeux, visiblement esseulée, quémande en vain ici un gite, là un travail. Alba, veuve élevant seule son espiègle de fille de 8 ans, Warda, se résout à l’accueillir. Cette rencontre initiatique de deux femmes parias est servie par une poignante mise en scène qui allie simplicité des cadrages et délicatesse de la lumière toute en clair-obscur. Meilleurs montage et image, Carthage 2019. Adam, Maryam Touzani, Maroc. Au cinéma dès le 5 février.

L’innocence coupable (ou l’inverse?) d’une ado

Sur une plage ensoleillée, des gendarmes viennent interpeller devant ses parents Lise, 18 ans, qui les suit sans broncher. Deux ans plus tard, Lise est la principale suspecte du crime de sa meilleure amie. Davantage qu’un film de prétoire classique, cette chronique sous tension permanente renvoie au dilemme du tribunal : juger moralement l’accusée ou rendre justice sur la base de faits tangibles. Un film impressionnant qui joue avec nos propres doutes de spectateur.  La Fille au bracelet, Stéphane Demoustier, France. Au cinéma dès le 5 février..

Des invitations offertes!

10 invitations pour respectivement Talking about the trees (Adok-Films), La Fille au bracelet (Praesens-Films), Little Joe etAdam (Filmcoopi), 6 autres pour La Communion (Xenix-Film) et Le Miracle du Saint-Inconnu (trigon-film) . Expédier nom, prénom et adresse postale à secretariat@revue-educateur.net en précisant l’objet du désir.