Enseignant! Ce mot me plaît particulièrement car il reflète exactement l’image que j’ai de ma profession. La définition est assez simple: métier qui pratique l’enseignement. Reste à savoir si ce que l’on met derrière le mot enseignement correspond à nos attentes et à celles de nos partenaires.

 Dans un passé proche, les enseignants du cycle d’orientation étaient dénommés comme professeurs. Bien entendu cela donnait du prestige et sans aucun doute un statut et une aura particuliers. Une progression sociale et professionnelle devait être notifiée. Le problème était que si l’on appelait «professeur» les enseignants du secondaire I, plus aucune progression n’avait lieu durant les degrés suivants (secondaire II et/ou tertiaire). Les enseignants du cycle d’orientation s’en fichaient, à raison, comme de leur première chemise, mais peut-être que c’est là que tout a commencé… Les enseignants se plaignent souvent du manque d’image positive de leur profession. Je ne vais pas revenir sur les différents éléments qui ont déclenché notre dévalorisation, mais le simple fait de dénommer tous les acteurs de l’instruction publique par le même terme reflète d’une volonté d’uniformisation louable mais aux conséquences pas toujours mesurées. Notre degré d’enseignement a ses particularités (crise d’adolescence, spécialistes de branches, etc.), et pourtant aucun terme de la langue française ne permet de définir notre métier avec une précision telle que la langue allemande ou anglaise le font. Mais si c’était là notre seul souci! En effet, lorsque le DECS a présenté les différentes nouveautés à introduire ces prochaines années, une simple question m’a effleuré l’esprit: aurons-nous encore le temps d’enseigner? Non pas la simple transmission de connaissances, mais bien le développement de savoirs et savoir-faire qui permettront à nos jeunes d’accomplir un parcours professionnel en adéquation avec leurs attentes. Les formations continues seront énormes en investissement pécuniaire et temporel. Agir sur les bonnes volontés de tout le monde est certes louable, mais il arrivera un moment où les enseignants diront que cela n’est plus possible. Le temps imparti ne leur suffira plus pour accomplir leur métier correctement. Prenons la situation de notre canton afin d’illustrer mes propos. Lors de l’année scolaire 2009, le DECS a lancé une vaste enquête afin de connaître le degré d’aptitude des enseignants dans le domaine informatique. Les formations proposées par le DECS sont gigantesques et remarquables. Il est donc normal et utile que les enseignants suivent un minimum de formation ICT afin d’introduire ces éléments dans leurs cours. Superbe, me direz-vous! Oui, mais voilà que ces formations, qui n’ont pas encore débuté pour la plupart d’entre elles!!, impliquent que les enseignants connaissent le fonctionnement de logiciels permettant de suppléer aux défunts laboratoires de langues des années 80… Je ne sais pas ce que le futur PER nous réserve dans le domaine de la formation continue, mais l’avenir de notre profession nécessitera une grande souplesse de la part de tous les acteurs de l’enseignement, sans oublier que les jeunes que l’on nous confie doivent continuer à progresser!