Et la confiance, bordel! (en 3 actes)

Et la confiance, bordel! (en 3 actes)

 

Il fut un temps, pas si lointain, où la nomination des enseignantes et des enseignants comme employé-e-s de l’Etat en charge de l’éducation et de la formation allait de pair avec la confiance accordée, assurés qu’étaient les parents et l’employeur de leur bonne foi, de leur énergie et de leur engagement citoyen. A personne ne serait venue l’idée de penser qu’ils pussent piquer dans la caisse, se tirer des flûtes ou ne pas remplir au plus près de leur conscience le mandat professionnel pour lequel ils étaient rétribués. De temps à autre, un inspecteur venait faire le point. Puis, soudain, tout a changé.

Acte 1: Le carnet du lait

Sous cette appellation, il est, depuis plus de dix ans, demandé de relever chaque période non enseignée, que cette vacuité soit due à une organisation particulière du travail ou qu’elle relève de contraintes de la direction d’établissement. Corollaire: toute période supplémentaire rejoint aussi le carnet du lait et l’on fait les comptes à la fin. Ne sachant pas trop par ailleurs comment traiter celle ou celui qui n’aurait pas compensé l’entier de son non-enseignement. Première conséquence, force est de constater que l’employeur réduit le travail enseignant à la présence aux élèves. Deuxième conséquence, chacun fait ses comptes et demande que chaque période, mais aussi chaque tâche particulière (car l’enseignant sait que la charge professionnelle compte bien d’autres temps) soit décomptée et rétribuée. Troisième conséquence, en regard de cet absurde décompte, les collègues sont désormais convoqués hors de leur horaire de travail, mais sur le lieu de celui-ci, sous prétexte qu’un remplacement est toujours possible. On en arrive donc, sous la pression du contrôle cantonal des finances qui se pose en Monsieur Loyal du cirque statutaire, à une méfiance réciproque, celle-ci opposant les travailleurs à leurs maîtres: l’action enseignante n’est plus une et indivisible, mais composée de l’addition de tâches segmentées, additionnées les unes aux autres, hors de tout sens élargi.

Acte 2: Les défraiements et remboursements

Jusqu’à il y a quelques années, soit une enveloppe était conviée en responsabilité aux enseignants pour leurs divers frais d’achat de matériel, soit un décompte intervenait à la fin de l’année, dans les limites d’un budget attribué, qui générait un remboursement immédiat sur présentation de factures ou de tickets. Une caissette souvent était fixée à côté du téléphone où l’on glissait la somme que le compteur avait affichée. Las, Monsieur Loyal intervint, qui fixa des règles tarabiscotées et évolutives dont les déclinaisons sont désormais locales et insensées. Trois kilos de farine, le premier pour des biscuits, le second pour confectionner de la pâte à sel et le troisième pour nourrir les poissons, nécessitent trois tickets pour être défrayés. Se faire rembourser des timbres? Mais vous n’y pensez pas! Ils sont disponibles sur demande au secrétariat! Conséquences: augmentation des charges administratives, grogne et – légitime alors – demande de se faire payer la part des factures téléphoniques dévolue à l’activité professionnelle, l’usure de l’imprimante personnelle, les cartouches d’encre et la moindre goutte d’essence brûlée pour le travail…

Acte 3: L’Apé se pose en contrôleur des travaux

Surfant sur la supposée absence de contrôle du travail des enseignants, voilà que l’Association des parents d’élèves vaudois (Apé) se pose en gestionnaire. Ainsi, dans la livraison de mars 2012 de son bulletin, en réponse à un questionnement sur l’application du Plan d’études romand et la vérification de celle-ci, ne lit-on pas cette étrange assertion: «Des procédures de contrôle adéquates doivent être mises en place». Suivent des exemples et la touche en fin de l’envoi: «Pourquoi pas, à terme, un renforcement des compétences de surveillance des conseils d’établissement?» Ben voyons! Si par malheur l’employeur ne suivait que sur quelques pas le chemin ici posé par l’Apé, nous exigerions alors que la loi autorise les enseignants à contrôler le nombre d’écrans qui figurent dans les domiciles, le programme de la télé, le type de soins et d’éducation offert à la progéniture ou encore le degré de salinité de l’eau des spaghettis. S’il existe une sorte de désenchantement de la profession, celle-ci jaillit de sources multiples. La méfiance et l’hypercontrôle du patron et des usagers n’en est qu’une, certes, mais d’importance. La confiance doit être retrouvée. Nous engageons que nos collègues la méritent. C’est maintenant à l’employeur et à bien des familles de se ressaisir. Pendant qu’il en est encore temps.

 

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