Et si l’on réhabilitait la paire de claques?

Et si l’on réhabilitait la paire de claques?

 

Ça craque! En vrai ou en pensée. Excédés par des comportements ingérables, il semble que plus de collègues qu’auparavant se trouvent pris dans le collimateur de l’employeur, au titre qu’ils auraient rudoyé un élève. D’autres nous interpellent: ne serait-ce pas le moment de revoir l’article 126 du règlement de la Loi scolaire vaudoise qui invite les enseignants à «s’abstenir de tout acte de violence physique ou verbale»? Ces collègues soutiennent que la claque pourrait être acceptée comme acte de dernier recours. Ce que la justice considère d’ailleurs comme possible, à notre connaissance.

Petit point de la situation juridique, par le monde et sous nos contrées. Le Conseil de l’Europe demande à ses membres de s’engager à faire évoluer la législation dans leur pays et à promouvoir auprès des parents et éducateurs des méthodes d’éducation positive. Il invite à abolir par la loi la possibilité de punir corporellement les enfants, par leurs parents ou toute personne en charge éducative. A notre connaissance, aujourd’hui, seules parmi les grands pays qui n’ont pas encore légiféré, la France, la Suisse et l’Angleterre n’ont pas encore signé l’appel à évoluer, même si une circulaire interdit la fessée dans les écoles maternelles françaises… Alors qu’aux USA la fessée se pratique encore dans les écoles de 21 Etats, en général au moyen d’une planche, la «palette», fesser son propre enfant en Suède peut conduire en prison.

En Suisse, au printemps 1996, la Commission juridique du Conseil national a déposé une motion qui dit, en substance, que: «le Conseil fédéral est chargé d’introduire explicitement, dans le droit suisse, le principe de l’interdiction des châtiments corporels et des traitements dégradants envers les enfants à l’intérieur et à l’extérieur de la famille». En hiver 1996, après avoir été traitée par le Conseil des Etats, la motion a été transformée en postulat et le caractère contraignant a été supprimé. En 2006, suite à une initiative parlementaire de Ruth-Gaby Vermot, la commission des affaires juridiques du Conseil national a proposé à une très courte majorité une loi protégeant les enfants des châtiments corporels et des mauvais traitements. Mais, en mai 2008, la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats a décidé, à une claire majorité, de rejeter cette initiative parlementaire. L’initiative retourne alors à la Commission des affaires juridiques du Conseil national. Ce dernier refuse au final, en décembre 2008, de créer cette loi de protection des enfants. On relèvera incidemment que des chiffres semblent indiquer que 75% des citoyens restent en faveur de la gifle parentale*. Sur le plan associatif, le SER, s’il n’est pas explicite sur cette question, invite par son code de déontologie à respecter la personnalité de l’enfant et à l’assister si son intégrité physique est menacée.

Le SER ne saurait dès lors défendre le châtiment corporel à l’école! Voilà donc où nous en sommes: pas de texte supérieur fédéral, en dehors de ce que dit le code pénal, mais une interdiction de fait dans les écoles, édictée par les lois spéciales cantonales. Dans un trend peu favorable, mais en regard du quotidien des classes et des préaux, le Comité cantonal de la SPV s’est interrogé: et si, de manière à secouer le cocotier, à alerter sur le nombre potentiel de collègues susceptibles de craquer, à les protéger aussi des alliances familiales de mauvais aloi contre l’autorité scolaire, il proposait, dans le cadre du règlement de la LEO ou de la future Loi sur le personnel enseignant, de reconnaître la légitimité du châtiment corporel dans des circonstances précises? A ce jour, cette proposition n’a pas été retenue par les instances dirigeantes de la SPV, raisonnables comme à l’accoutumée, qui estiment qu’elles ne peuvent défendre ce qui restera toujours une manifestation de faiblesse. Il n’empêche, face à des enfants insolents, irrespectueux ou récalcitrants à un point tel qu’ils ne sont pas ou plus atteignables par la raison, sans peur, mais à qui tout peut être reproché, contrairement au chevalier Bayard… Il n’empêche, on peut considérer que de plus en plus souvent se perd la bonne vieille paire de claques. Surtout quand l’intéressé semble véritablement la chercher en testant les limites. Arme de premier recours, de recours définitif, ou de dernier recours? C’est à voir.

Mais la paire de claques se perdra-t-elle encore longtemps? Pas sûr!

* «Journée de l’Education non violente», 2006.

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