Feu l’école enfantine n’est pas à primariser!

Feu l’école enfantine n’est pas à primariser!

 

L’école est devenue obligatoire dès 4 ans. Ainsi, les deux premières années de scolarité sont passées du statut d’années enfantines facultatives à celui d’années primaires obligatoires. Et alors? Qu’est-ce que cela change chez les élèves? Faut-il primariser l’ex-école enfantine dans l’esprit, sous prétexte qu’elle l’est dans la lettre?

Non, trois fois non! L’école rendue obligatoire ne change rien au développement de l’élève. Les différents stades de développement par lesquels les enfants passent ne peuvent pas être artificiellement accélérés parce que l’enfant est obligé de venir à l’école. Entretenir la nature en l’accompagnant dans son évolution naturelle donne de meilleurs résultats que de forcer son développement dans un sens ou un autre, n’en déplaise aux passionnés de bonsaïs! Les élèves de ces premières classes ont leur manière à eux de découvrir le monde et les apprentissages. C’est un moment de la vie en général et de la vie scolaire en particulier, où la place du jeu, de la manipulation et des situations d’apprentissage collectives ont beaucoup plus de sens que d’autres genres d’activités. Celles-ci doivent rester prépondérantes, les autres trouveront leur place plus tard dans la scolarité. Vouloir aller plus vite et proposer trop tôt des activités plus individuelles, sous forme de fiches à remplir par exemple, risque fort de perdre des élèves qui ont besoin de temps pour s’habituer à l’école, de cristalliser les problèmes, de renforcer très vite chez certains élèves ne mauvaise estime de soi, de crisper les familles autour de la vie scolaire soi-disant chaotique de leur enfant et donc, en résumé, de placer l’enfant et élève dans une situation d’échec durable, tant il est vrai qu’après coup il faut du temps pour retrouver le chemin de la réussite.

C’est la raison pour laquelle la SPG s’est opposée avec force à l’introduction d’une évaluation formalisée à l’aide de croix dans une grille pour des domaines d’apprentissages identifiés, à la fin de la deuxième primaire. Dans la même logique, on peut se poser de sérieuses questions quant à l’opportunité de mesurer l’évolution dans le comportement d’un élève qui est en phase de socialisation. A un âge où l’enfant découvre son métier d’élève, c’est une forme d’évaluation qui intervient beaucoup trop tôt. Ces croix dans le bulletin scolaire vont engendrer des pratiques d’évaluation inquiétantes. En effet, pour pouvoir étayer leur jugement, les enseignantes risquent de recourir à des tests écrits pour justifier la place de la croix dans la grille. Il arrive que des enseignantes comme des parents se fassent du souci pour certains enfants, parce qu’ils semblent connaître une progression dans les apprentissages et une évolution dans le comportement peu lisibles. Il faut en parler dans le cadre du dialogue famille-école et collaborer pour accompagner l’enfant dans ses progrès, même si ceux-ci sont aléatoires. Il ne s’agit pas de ne rien faire, ni de laisser l’élève sombrer petit à petit dans l’échec scolaire. Mais il y a d’autres formes d’évaluation, plus adaptées à cet âge, qui peuvent dire les facilités et les difficultés des enfants sans entrer immédiatement et trop tôt dans une formalisation excessive et injustifiée. L’ancien bulletin, accompagné par des traces diverses du travail de l’élève en classe expliquées aux parents, suffisait à dire clairement l’information dans un document officiel. La phrase qui signale que l’élève sera suivi avec attention, même si elle n’est pas des plus heureuses, permet de signaler que l’on a repéré des difficultés et que l’école va assurer un suivi de la situation. Pas besoin de modifier cette pratique.

L’évaluation est le squelette de la pratique enseignante. Changer l’évaluation, c’est changer l’enseignement. De nombreuses réformes dans l’histoire de l’éducation ont sombré parce qu’on a refusé de modifier les pratiques d’évaluation des élèves, celles-ci influençant fortement les formes de travail en classe. Ce formalisme renforcé en fin des deux premières années d’école obligatoire n’est donc pas anodin. En le contestant, la SPG s’oppose fermement à une primarisation de l’école première.

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