L’école est un sujet intéressant pour les médias. C’est un sujet porteur, accrocheur, un sujet qui fait réagir. Et pour cause. Tout le monde, sous nos latitudes, connaît bien l’école. On y passe au moins onze ans.

L’école a retenu plusieurs fois l’attention des médias en février. Il y a eu l’affaire du Landeron à Neuchâtel, où un enseignant a été suspendu momentanément pour avoir secoué un peu trois élèves perturbateurs et récalcitrants. Une affaire alléchante, abondamment traitée entre le 4 et le 7 février. On relèvera au passage le parti pris dans le titre de l’article: «Un prof dérape et frappe trois élèves.» Le ton est donné, le coupable désigné. Quelques jours plus tard, c’est la parution d’un ouvrage sur les méfaits du bavardage* dans les classes d’école qui a trouvé écho dans la presse et dans la société en général. Pour preuve les nombreux commentaires que suscitent ces articles sur les sites internet des journaux. Quelque 130 commentaires sur le cas du Landeron**, environ 30 commentaires sur le bavardage*** des élèves en classe. On entre là dans le café du commerce virtuel. Tout un chacun peut s’exprimer, après s’être inscrit. Ces interventions n’ont certes pas toutes valeur scientifique. L’anonymat des pseudonymes autorise toutes sortes de dérives. Mais ces dernières restent minoritaires; les abus franchissent rarement la barrière des modérateurs. Pour la plupart des commentaires, on s’entendra avec le romancier John Irving, qui pense que «l’anonymat garantit l’honnêteté». On se laisse alors surprendre, à la lecture de ces remarques, par le très large soutien accordé à l’enseignant et à l’institution scolaire en général. C’est un peu étonnant, mais réjouissant. On aurait pu en effet s’attendre, compte tenu du manque de reconnaissance dont pâtit aujourd’hui la profession, à une avalanche de critiques négatives sur les profs. Il y a bien quelques ironies et propos acides (les vacances!), mais très peu. On parle surtout de l’éducation qui ne se fait plus à la maison pour une partie des jeunes, du manque de respect, de la nécessité de recadrer l’institution. La nostalgie du temps passé pointe aussi çà et là.

Morceaux choisis: «Je n’ai pas l’habitude de défendre les enseignants car ils sont souvent trop laxistes, mais là, je suis d’accord avec eux.» «Les ados sont beaucoup trop protégés.» «De mon temps, en cas de besoin, les profs nous en mettaient une, si on en parlait à la maison, c’était rebelote.» «L’école est là pour l’enseignement. C’est trop facile aux parents de jouer les victimes.» «Il faut avant tout rééduquer les parents qui sont trop laxistes.»

On ne reviendra pas au temps passé. On ne pourra pas obliger les parents à suivre des formations continues en parenting. Mais il y sans doute des mesures intelligentes et sensées que nos politiques peuvent et doivent mettre en place afin de ramener le balancier de l’école un peu plus au centre.

*Florence Ehnuel, Le Bavardage, parlons-en enfin, Ed. Fayard; Le Temps, mardi 21 février 2012.

** www.lematin.ch/faits-divers/standard/prof-derape-frappe-trois-eleves/story/17227881; www.lematin.ch/faits-divers/standard/enseignant-suspendu-nie-frappe-eleves/story/31811111;

***www.lematin.ch/suisse/eleves-soutiennent-prof-accuse-brutalise-trois-ados/story/15571655 3 www.lematin.ch/societe/bavardage-devenu-torture-enseignant/story/30682184