On suppose que l’humain a créé l’écriture pour garder une trace des échanges et des événements qui marquent le cours de sa vie. Où était-ce plutôt par envie de raconter, d’inventer des histoires? Six mille ans après ces débuts, alors que les médias se multiplient, certains ont cru un temps que l’écrit céderait face au déferlement des images. Or aujourd’hui, jamais peut-être n’a-t-on autant écrit: courriers et courriels, sms-textos, blogs, chats, journaux – intimes ou livrés sur la toile. L’école et son enseignement de base, «lire, écrire, compter», y est pour beaucoup, évidemment, mais aussi celles et ceux qui, un jour, ont eu la généreuse idée de partager le plaisir d’écrire et celui de la création littéraire, idée développée notamment depuis le XIXe siècle en ateliers d’écriture, thème de notre dossier. «L’atelier travaille sur les conditions à développer pour qu’il y ait appropriation, par tout type de public, de l’acte de création que représente l’écriture.» (p. 27). A partir de cette piste, ouverte par les pionniers, les expériences se vivent, diverses, riches. Quelques exemples: écriture à quatre mains et en groupe, car «La réunion de publics différents (…) est pleine d’intérêt, qu’il s’agisse de «lettrés» et «non-lettrés» (…) Les différentiels de savoirs, loin d’être envisagés comme un empêchement, sont considérés comme un atout.» (p. 31); proposée en prison, l’écriture, entre au moins cent autres apports importants, a «permis de réveiller l’imaginaire et les capacités créatrices des participantes » (p. 33); écriture aussi réapprise par ceux qui, sortis de l’école, restent en difficulté face à elle, souvent par peur, «honte de faire des erreurs» (p. 35); atelier enfin, qui a mené des élèves de lycée professionnel, mêmes les plus réticents à l’écrit, à monter sur scène et voir leurs textes applaudis. «On n’aimait pas écrire, on croyait que ce n’était pas possible, quand est-ce qu’on recommence?» Bonne lecture.