La brune école publique de l’UDC

La brune école publique de l’UDC

159 pages! 159 pages de redites boursouflées et d’assertions irrévocables, basées sur de prétendus faits dits «incontestables» ou appuyées sur de supposés «savoirs d’expérience». Publié en octobre dernier1, le projet écoeurant de l’UDC sur l’école obligatoire, au risque de choquer, renvoie aux plus sombres années du XXe siècle.

 

Mais, pourquoi donc l’UDC étale-t-elle la confiture malsaine de son programme pour l’école sur près de 160 pages, alors que celui-ci pourrait être résumé en un ou deux feuillets? Comme à l’accoutumée, le parti de Blocher – ce dernier cité, ainsi que sa fille, à plusieurs reprises dans le document – n’apporte aux questions complexes que tambourinages et réponses faciles. Ainsi, l’UDC renvoie-t-elle la responsabilité de ce qui est décrit comme un délitement social généralisé aux «soixantehuitards » qui se seraient généralement emparés des politiques éducatives et aux bourgeois qui les auraient suivis: ces enseignants ratés qui font carrière dans les administrations des départements ou se sont engagés dans la honnie pédagogie «curative», tous ligués pour détruire l’autorité du maître et de la famille et promouvoir «la confusion collectiviste». Pour renverser le char, l’UDC propose par conséquent ses solutions: le «maître de classe» doit redevenir la figure tutélaire de l’école. Celui-ci doit travailler à plein temps – nos collègues femmes, notamment, apprécieront, ces dernières décrites, par ailleurs, comme trop «littéraires»… Appuyé sur sa «vocation», le «maître de classe» se doit d’être le guide. Celui qui montre «la discipline», «l’ordre extérieur», qui «éduque à la propreté, la précision, l’endurance, la ténacité». Celui qui est le «dirigeant», qui «transmet des connaissances », dans une école au sein de laquelle seul l’effort suffit à la réussite et où les élèves compareront leurs «performances ». Le «maître de classe» qui doit conduire les immigrants – cités à de nombreuses reprises comme premiers facteurs de troubles – à adopter «le mode de pensées des Suissesses et des Suisses», qui doit «rendre les enfants aptes à vivre dans un Etat libéral, conformément aux valeurs chrétiennes et occidentales » et leur apprendre des «chants en dialecte» afin de «renforcer leur identité culturelle». Selon l’UDC, qui nie tout principe d’éducabilité, le secondaire I répartit les élèves selon trois niveaux: en A, seront orientés les élèves «les plus performants »; en B, seront transmises des «connaissances moins théoriques, mais plus pratiques, donc encourageant en plus les aptitudes manuelles»; en C, enfin, seront regroupés les «écoliers réceptifs aux connaissances pratiques, mais manifestant des déficits dans les domaines théoriques». Dans l’école de l’UDC, «le résultat de l’examen de fin de 9e année doit se répercuter sur le salaire du futur apprenti»! Les autres, «faiblement doués, manifestant des troubles du comportement, ainsi que les étrangers connaissant mal la langue locale», seront regroupés dans des «classes spéciales». Selon l’UDC, l’enseignement intégratif doit être immédiatement aboli et ses crédits coupés… Les étrangers doivent maîtriser la langue locale «avant leur entrée à l’école». Les faibles n’apprendront pas les langues étrangères, mais se contenteront de la culture générale… Les Hautes écoles pédagogiques (HEP) doivent être abolies, car on n’y étudie que «pédagogie et psychologie» (sic!). Les écoles normales, dans lesquelles la formation sera d’abord «pratique», seront dès lors restaurées… et les maîtresses enfantines y seront formées selon leurs «talents manuels et artistiques». Que celles et ceux qui trouveraient dans le programme de l’UDC comme une forme de réponse et d’apaisement de l’âme – on en connaît du côté des partisans d’Ecole 2010 – se documentent un peu: «La culture générale sera obligatoire dans toutes les disciplines; la culture particulière sera laissée au choix de chacun… Il serait injuste de donner la formation intellectuelle la plus complète à des hommes malvenus ou estropiés dont le manque d’énergie et de caractère ferait des êtres indécis et lâches.» «L’Etat a le devoir d’opérer une sélection faite avec le plus grand soin et la dernière minutie dans l’ensemble de la population, pour en tirer le matériel humain visiblement doué par la nature et le mettre au service de la communauté tout entière…» Convergences? Ces dernières citations sont extraites de Mein Kampf!

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