De plus en plus, on rencontre des collègues fatigués, épuisés, voire à la limite du burn-out. Quelles en sont les causes?

On vivait la dernière semaine de janvier. Je discutais avec un jeune collègue enseignant. Avec une certaine fierté, je lui ai annoncé ma retraite pour dans une année et trois jours… Après un moment, il m’a confié que lui-même quittait l’enseignement à la fin de ladite semaine!

Le métier ne répondait plus à ses aspirations et, surtout, dépassait ses forces. Il ne se voyait pas continuer ainsi durant plusieurs années. De surcroît, il «descendait du train» sans aucun projet à cette époque-là.

Dans le courant de février, je causais d’avenir à moyen terme avec une jeune collègue active dans l’enseignement spécialisé. Nous étions à un cours du soir. Un cours qu’elle envisage de quitter en raison d’un nouveau projet professionnel. Le travail dans l’enseignement, même spécialisé, ne répond plus à ses aspirations et elle n’entrevoit pas d’améliorations à l’horizon.

Ces deux collègues m’ont parlé sur un ton de découragement certain, de lassitude, voire de ras-le-bol.

Du coup, j’ai réfléchi à mon propre parcours professionnel. Ce dernier a commencé par un apprentissage suivi de quatre ans d’activité dans le domaine bancaire. Puis encore une année dans les bureaux d’une fabrique de spiraux de montres.

Constatant que ces activités n’ouvraient pas d’horizons intéressants et que par ailleurs il fallait posséder de gros crocs pour percer, j’ai pris la décision de quitter les bureaux pour me lancer dans quelque chose de plus intéressant, de plus gratifiant, voire dans quelque chose de noble. A ce jour, je constate que les choses ne sont plus pareilles. La partie gratifiante que devrait apporter notre noble profession ne semble plus exister. Il est temps de se demander où le bât blesse. Bernhard Pulver, notre Directeur de l’instruction publique, s’en inquiète depuis un bon moment. Il faut relever qu’il fait tout ce qu’il peut pour redorer le blason de notre métier, mais, trois fois hélas, il semble que les cas d’enseignants qui abandonnent commencent à le rattraper.

Où donc se situe le mal? Est-ce encore et toujours dans le regard négatif que nous porte une partie de la population? Est-ce dans le fait que nous devons de plus en plus justifier tout ce que nous faisons en classe? Ou bien encore les pressions exercées de manière tout à fait arbitraire par certains parents (ceux qui vont jusqu’à engager un avocat à cause d’une note qu’ils jugent injuste)? A mon avis, il y a un peu de tout ça. Et davantage encore.

Comme l’indiscipline en classe, le bruit, l’inattention, les incivilités, bref, tout ce qui empêche chaque collègue de respecter le plan d’études imposé. Tout ça débouche sur un sentiment de manque de respect et de reconnaissance. Tout compte fait, on comprend…