Manque de profs – Les fausses bonnes idées !

Le 28 octobre 2022, une motion demandant l’abandon de l’examen d’entrée aux hautes écoles pédagogiques en vue de la formation primaire, pour les titulaires d’une maturité professionnelle, a été déposée au Conseil national. Les fausses bonnes idées en vue de réduire la pénurie ont décidément la peau dure.

L’argumentaire avancé dans cette motion part de certains principes difficilement défendables du point de vue des associations professionnelles. Tout d’abord, le cursus ainsi que le bagage accumulé par les étudiant·es en maturité professionnelle, en maturité spécialisée pédagogie ou en maturité gymnasiale sont difficilement comparables. Les motionnaires suggèrent que les examens d’entrée sont des obstacles inutiles pour des personnes très bien formées ; le Conseil fédéral, comme vos faitières, précise que selon l’orientation de leur maturité, les détenteurs de MP ne disposent notamment pas de toutes les compétences en culture générale dans de très nombreuses branches.

Il est également proposé dans cette motion que l’obligation de passer un examen complémentaire serait une manière de ne pas apprécier les compétences professionnelles des futur·es enseignant·es dans un autre domaine. Quand on sait que le passage pour un·e enseignant·e d’un canton à l’autre provoque parfois des pertes d’années d’expérience, cet argument a de quoi faire rire très jaune. De plus, les compétences des enseignant·es seraient-elles appréciées de la même manière en cas de réorientation ?

Enfin, l’adjectif inutile est utilisé à de très nombreuses reprises : redondance inutile de la matière des cours préparatoires – cours préparatoire et examen d’admission sont une perte de temps inutile, – obstacles complètement inutiles pour accéder aux hautes écoles pédagogiques. Est-ce si inutile de vouloir des futur·es enseignant·es bien et suffisamment formé·es ?

Sans nier la nécessité de trouver urgemment une solution à la problématique de la pénurie, signalée depuis plusieurs années par les milieux professionnels, il faut cependant veiller à ne pas affaiblir d’une quelconque manière la formation des enseignant·es. Aujourd’hui plus que jamais, les enseignant·es doivent posséder un bagage suffisant afin de répondre aux exigences d’une profession toujours plus complexe. D’autres solutions existent … 

David Rey, président du SER