Le dégât des moyens d’enseignement
Quand un changement aussi important que la mise en œuvre de la Convention scolaire romande, et partant du Plan d’études romand (PER), survient, on pourrait penser que d’importantes mesures vont l’accompagner et que tout va être fait pour que les choses se passent le plus harmonieusement possible. Malheureusement, si de considérables efforts sont faits dans tous les cantons, les difficultés ne manquent pas, et sur le terrain on a souvent un sentiment de flou, d’à peu près, voire de large désorganisation.
C’est que, au niveau des moyens d’enseignement par exemple, on a connu des temps plus heureux, avec des moyens «maison», pertinents et adaptés. Alors pourquoi, au moment même où entre en vigueur une coordination intercantonale longtemps espérée, les moyens d’enseignement ne suivent pas, sont en retard, disparates et si peu adéquats? Eh bien parce que, pour différentes (et souvent financières) raisons, la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) a opté depuis plusieurs années pour une politique d’achat de manuels existants plutôt que pour la fabrication de moyens vraiment romands. Le SER l’a déploré et continue à le regretter, lui qui a toujours milité pour un maximum de productions spécifiques. Un très gros travail de coopération et de collaboration a été consenti par les cantons lors de la réalisation du PECARO puis du PER, avec de nombreux acteurs très engagés.
Cette synergie aurait pu être réinvestie dans la production de moyens d’enseignement et aussi dans la mise en place de formations continues efficaces et cohérentes. Hélas… Une bonne harmonisation intercantonale de terrain a pu se construire ces dernières années dans ces différents chantiers. De nombreux témoignages nous en ont persuadés. Les mêmes témoins déplorent aujourd’hui cette perte de consensus romand, au moment où arrivent dans les classes des moyens d’enseignement qui sont perçus comme parachutés plutôt que construits pour. A quoi s’ajoute le fait que, pour pallier les retards pourtant souvent justifiés, les cantons se résolvent les uns après les autres à fournir, voire à construire, des moyens d’enseignement locaux, dont le simple bon sens voudra bien évidemment qu’ils perdurent.
La politique de la CIIP sur les moyens d’enseignement est de moins en moins claire aux yeux des enseignants romands. Il est temps de redresser la barre et au minimum de soigner un peu la communication. Le dégât pourrait être beaucoup plus important que prévu.
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