La semaine de l’enseignant comprend quarante heures de travail, réparties sur cinq jours. Si certains esprits chagrins pensent que le mercredi est un jour de congé, il faut leur rappeler que cela est vrai pour l’élève uniquement! Pour l’enseignant, il en va tout autrement. S’il n’est pas en classe avec des élèves, il n’est pas rare qu’il soit présent en classe… sans eux pour ranger, organiser, préparer, découper, afficher, concevoir, planifier Le cahier des charges est tout à fait clair sur l’emploi du temps de l’enseignant. Il y a cinq temps à assumer durant la semaine: temps d’enseignement, temps de gestion et de planification du travail, temps d’entretien avec les parents, temps de concertation (avec les enseignants et les autres partenaires de l’école), temps de réflexion et de discussion avec l’autorité scolaire et/ou avec toute personne mandatée. Le seul temps qui n’a pas évolué depuis la rédaction du; bref, pour travailler!

Le cahier des charges est le temps d’enseignement. C’est également le seul qui est défini par les heures de présence des élèves dans les bâtiments scolaires, il est donc fixe et stable. Les rédacteurs de l’époque avaient pris l’option de ne pas minuter les cinq temps de travail, même à titre indicatif. Choix judicieux, qui a permis de ne pas tomber dans le travers des calculs d’épicier sur les minutages semaine après semaine et donc de ne pas renforcer les contrôles hiérarchiques bureaucratiques et tatillons sur l’occupation des collègues durant la semaine. Ce choix de ne pas donner un minutage tenait compte également du fait que tous les temps ne prennent pas la même ampleur chaque semaine (mis à part le temps d’enseignement). Au moment des carnets, par exemple, il n’est pas rare que le temps de rencontre avec les parents soit plus important qu’à d’autres moments de l’année. Cependant, certains de ces temps ont pris des dimensions bien plus importantes qu’en 1996, date d’entrée en vigueur du cahier des charges. Les entretiens avec les familles ont largement augmenté (obligation de trois rencontres par année), la concertation avec les collègues a également sensiblement pris l’ascendant depuis que travail en équipe et projets d’établissement sont obligatoires. Le temps de discussion avec l’autorité scolaire est plus dense depuis que les directeurs sont à demeure dans les bâtiments scolaires. Le propos n’est pas de rejeter ces évolutions du système éducatif primaire genevois, mais de constater que le temps de travail global de l’enseignant n’a en tout cas pas diminué ces dernières années! Dès lors, on peut se demander pourquoi notre hiérarchie convoque régulièrement les enseignants le mercredi. Est-ce pour contrôler que les enseignants sont bien au travail ce jour-là? Avec les quelques éléments qui précèdent, qui peut encore affirmer que le mercredi, les enseignants sont en congé? Dans certains établissements, toutes les séances plénières se font le mercredi après-midi. Les séances d’information pour le Plan d’études romand (PER) ont également été planifiées le mercredi. Il est évident qu’une certaine masse de travail doit se faire en dehors des heures de présence des élèves. Quel est le moment optimal pour des séances en dehors des heures? Vaut-il mieux un moment après la classe avec la fatigue d’une journée d’école ou un mercredi où tout le monde est plus disponible, mais qui nécessite que chacun revienne à l’école? Ou sur le temps de midi, avec un pique-nique trop vite avalé et un temps de préparation de l’aprèsmidi réduit comme peau de chagrin? Cette problématique pose deux questions fondamentales en amont: comment la concertation avec l’équipe sur l’organisation du travail se fait-elle? Quel est le volume idéal de séances en dehors des heures pour faire fonctionner l’établissement et son projet? Ces questions ne sont pas toujours abordées dans les établissements; or, cela paraît indispensable si l’on entend impliquer tous les enseignants dans le travail d’équipe. Ce sont des questions qui vont singulièrement se compliquer le jour où le mercredi matin sera un jour d’école pour les élèves…