En deux rentrées (2011 et inscriptions pour la rentrée 2012), le nombre d'élèves au primaire a fortement diminué. Le Parlement avait déjà demandé que l'enseignement primaire rende des postes, étant donné la baisse constatée lors de la dernière rentrée… mais en cours d'année. Nous avions donc pu échapper à une première diminution des postes en 2011, tant il était déraisonnable de retirer des postes alors que l'année scolaire était lancée. Cette année, il semble impossible d'y couper.

 A l'heure d'écrire ce billet, aucun chiffre sûr n'a été confirmé par le département, et donc impossible de savoir quelle sera l'ampleur de la casse. On espère en savoir plus lors de la conférence de presse du DIP de la rentrée. En juin 2012, quelque 200 élèves ont refait surface, augmentation due au flux migratoire. Il semble que sous pression de la SPG, le conseiller d'Etat a plutôt cherché à maintenir plus de postes que prévu. Cela reste à confirmer. Cette volonté affichée de M. Beer a fait dire à la direction générale que, grâce à cet effort du département, les ressources pour l'enseignement primaire augmentent.

En effet, le taux d'encadrement devrait être légèrement inférieur à 17. Tant mieux! Mais l'euphorie n'est pas non plus de mise, pour au moins trois raisons.

Premièrement, ce léger mieux ne compense en rien les 300 postes perdus dans les années 90, diminution qui a durement péjoré l'encadrement des élèves.

Deuxièmement, cette baisse du nombre d'élèves n'est que temporaire. Les effectifs devraient repartir à la hausse dès la rentrée 2013 et retrouver rapidement les hauteurs que nous avons connues en 2010. En effet, le mouvement de baisse de ces dernières années est dû essentiellement au changement d'âge d'entrée à l'école obligatoire, effet qui n'aura plus d'impact dès la rentrée 2013. Or, rien ne nous garantit que les postes supplémentaires seront attribués au prorata de l'augmentation des effectifs annoncée pour les années futures. On sait que les députés sont prompts à demander des efforts d'économie, mais lents à la détente pour accorder des moyens complémentaires pour l'encadrement des élèves, lorsque ceux-ci sont plus nombreux.

Troisièmement, ce léger mieux ne concerne que l'organisation des classes. Rien n'est prévu pour les projets de réformes lancés par le département qui demandent des efforts supplémentaires à tous, alors qu'aucune augmentation de moyens n'est envisagée à ce jour. Les changements sont nécessaires, mais ils ne peuvent déployer leurs effets qu'à la condition qu'on se donne les moyens d'en réaliser les ambitions. Ainsi la mise en place de l'école intégrative, censée prendre en charge tous les élèves, quels que soient leurs différences ou leurs besoins, se fait à coûts constants.

Autre exemple, les mesures d'accompagnement à destination des élèves les plus en difficulté nécessiteraient plus de postes d'Enseignants chargés de soutien pédagogique (ECSP). On sait qu'ils sont les pivots de l'aide aux élèves en difficulté au sein des équipes. J'en veux pour exemple que lors de l'organisation des classes pour la rentrée 2012, les équipes ont souvent privilégié les ECSP au détriment des maîtres spécialistes, mettant ces derniers dans une position critique; et pourtant, les deux fonctions sont nécessaires auprès des élèves, mais les besoins en ECSP sont criants! Ce manque chronique de postes est un facteur important de fatigue cumulée et de démobilisation du corps enseignant. Cela a été documenté par deux enquêtes de santé par le passé et mériterait d'être repris par une nouvelle étude pour pouvoir comparer sur la distance. Les deux premiers rapports avaient montré une dégradation de la motivation des enseignants en quelques années, il y a fort à parier que cette tendance se trouverait renforcée par un nouveau pointage.

L'augmentation des postes reste donc une revendication majeure de la SPG à reprendre en toutes circonstances, même si le contexte économique n'est pas du tout favorable à ce genre d'exigence.