Les ambitions officielles sont grandes et belles: école pour tous, inclusion. Avec bien sûr (mais pas toujours) les moyens et la volonté qui vont avec. L’accord intercantonal sur la pédagogie spécialisée nourrit bien le concept. Et à l’autre bout du monde, l’UDC et son exigence d’«abandon du principe de l’enseignement intégratif». Au milieu, l’enseignant-e avec ses espoirs et ses difficultés, le principe d’éducabilité chevillé au corps.

Les ambitions officielles sont grandes et belles: école pour tous, inclusion. Avec bien sûr (mais pas toujours) les moyens et la volonté qui vont avec. L’accord intercantonal sur la pédagogie spécialisée nourrit bien le concept. Et à l’autre bout du monde, l’UDC et son exigence d’«abandon du principe de l’enseignement intégratif». Au milieu, l’enseignant-e avec ses espoirs et ses difficultés, le principe d’éducabilité chevillé au corps.«L’éducabilité est d’abord le principe «logique» de toute activité éducative: si l’on ne postule pas que les êtres que l’on veut éduquer sont éducables, il vaut mieux changer de métier».

Dans les moments de doute et de découragement, le principe d’éducabilité peut être un moteur extraordinaire. Il nous invite à ne jamais désespérer, il nous pousse à rechercher, découvrir, inventer, bricoler au sens le plus noble du terme. De Pestalozzi au Docteur Itard, c’est le principe qui a conduit à développer des moyens, à trouver des chemins, que seule la volonté d’arriver à éduquer des êtres réputés inéducables a pu susciter. Dans un registre plus quotidien et plus modeste, l’affirmation du principe d’éducabilité nous permet de changer le regard que l’élève en difficulté porte sur lui-même. La confiance qu’on lui porte allume la confiance qu’il va avoir en lui-même et qui se trouve souvent au trente-sixième sous-sol. La réussite (même minime) engendre la motivation. Avoir foi dans le principe d’éducabilité, c’est refuser de boucher l’avenir d’un élève sous le poids de son passé. C’est laisser ouverte la possibilité d’un changement, d’une réussite, d’une rédemption, finalement toujours possibles dans le registre de l’humain. Quelle plus belle récompense que les yeux illuminés par une petite réussite, chez un élève gravement accoutumé à l’échec? Dans l’éducation, Noël n’est pas qu’en décembre!

Se nourrir du postulat d’éducabilité c’est aussi renoncer au principe de réciprocité. Croire dans la valeur des efforts consentis, même s’ils ne sont pas payés par la reconnaissance, la soumission ou la réussite. Choix profondément éthique, le principe d’éducabilité est le vrai serment de base de tout-e enseignant-e digne de ce nom.