Photos d’élèves sous contrôle - Entre infantilisation des enseignants et victimisation des enfants

Photos d’élèves sous contrôle  - Entre infantilisation des enseignants et victimisation des enfants

 

"Il faut  se méfier  de la véritable paranoïa  qui s’est  emparée  de certains enseignants et politiciens en ce qui concerne les images faites dans les écoles. Cet aspect  de la société est une des plus belles étapes  de la vie, il est aberrant de vouloir l’occulter, voire même de cacher  les visages  comme  à des criminels." Voici ce qu’écrit www.photoreporters.ch, le site  des photographes d’Impressum, l’association professionnelle des journalistes suisses.

 

Et voilà comment ne l’entend pas le Département de la formation et de la jeunesse du canton de Vaud, si on en croit et on en comprend les directives données dans les établissements en cette rentrée d’août 2012: photos de classe, photos prises en camp, lors d’un spectacle ou de toute activité particulière… Dorénavant, il est demandé une autorisation signée des familles pour que le moindre cliché d’un élève pris dans son activité scolaire puisse être saisi, affiché en classe ou transmis par un journal ou un CD souvenir.

Et les directeurs d’établissement d’obéir! Et les collègues soumis de faire signer et de récolter ces autorisations ridicules, tristes et offensantes! Et les parents dociles de les signer!

Certes, on trouve encore certains col- lègues, peu au fait du droit, qui ne s’inquiètent guère du cadre légal lorsqu’ils publient sur le web des photos de leur classe ou des élèves dont ils ont la charge. Ils ont tort. Nous en avons rendus attentifs plus d’un à ces questions. Des textes légaux existent à ce propos, qu’il convient de connaître et de respecter. La question du droit à l’image est réelle. Elle est notamment réglée par le code civil, en son article 28, qui protège la personnalité.

Pour l’internet donc, passe encore… Mais pour le reste… Fallait-il sortir la grosse artillerie et prendre le risque de générer, par des ordres administratifs de cette nature, des effets collatéraux plus dommageables que le supposé mal que l’on désire combattre?

Car, au-delà de l’exacerbation des dérives d’une société qui estime pou- voir tout régler par les textes et le droit, et de la tristesse infinie dans laquelle tous sont plongés par cette approche, nous voyons là une forme sournoise – de plus – d’infantilisation des enseignants, incapables selon l’employeur de faire preuve de professionnalisme, de responsabilité ou de bon sens. Infantilisation et méfiance renforcées. Y’a pas de fumée sans feu, diront certaines familles quérulentes et inquisitrices. Nous aurait-on caché quelque chose jusqu’ici?

Infantilisation, mais aussi nouvelle victimisation des élèves, désormais si protégés des dangers réels qu’il faille en inventer des virtuels!

Par quelle vision du monde certains décideurs sont-ils donc habités? Existe- t-il vraiment des millions de méchants dans le grand village Monde, langue pendante et quéquette au vent, dans l’attente priapique de la publication – on ne sait où? – des clichés de la sortie scolaire des enfantines ou du spectacle de fin d’année de la classe 3P des écoles de Bottoflens?

Enfin, par qui et comment devraient être gérés d’éventuels refus des parents? Il va être beau, le cliché de la classe où Marisa sera floutée ou absente. Ils vont être magnifiques, les panneaux-photos relatant une course en montagne sur lesquels on ne verra Paolo que de dos! Tout est relatif, diront certains. C’est vrai qu’il y a des soucis d’une autre importance dans le monde et dans l’école.

Pourtant, de deux choses l’une: ou la cheffe du Département est au courant de ces dérives, ou même les inspire – ce qui est inquiétant –, ou cette directive est du fait de services hors de tout contrôle. Nous ne manquerons pas de poser la question et tirerons de la réponse les conclusions et les conséquences qui s’imposent.

 

P.-S. – qui a tout à voir:

Nous demanderons aussi à l’employeur de se pencher sur le contenu de certaines journées de formation – dites

«pédagogiques» on se demande bien pourquoi – sensées construire ou restaurer la confiance et la proximité des équipes dans les établissements – du team building, comme il est dit dans de pathétiques manuels de management – mais qui relèvent de la franche gaudriole et participent aussi à une forme d’infantilisation des enseignants.

Sur cette question, nous reviendrons. Ici même et avec les responsables de l’école vaudoise.

 

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