Une solidarité sorore au-delà des frontières

Lors de la 18e rencontre du comité syndical francophone de l’éducation et de la formation ( CSFEF ) du 13 au 15 octobre dernier, une cinquantaine de délégué·es, provenant de vingt-sept pays différents, se sont réuni·es à Hammamet en Tunisie.

Le CSFEF se veut le contrepoids syndical à la francophonie institutionnelle et gouvernementale des pays de l’Organisation internationale de la francophonie. Il a été fondé à Québec en 1987 peu avant le deuxiè-
me Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie. Le français, plus qu’un outil de communication, revêt au sein du CSFEF une dimension symbolique forte dans la mesure où il devient la langue de l’action syndicale, la langue dans laquelle nous exprimons non seulement nos plaidoyers, mais également et peut-être surtout notre solidarité.

Lors de la rencontre précédente à Paris, le Bureau du CSFEF, frappé par la faible représentation féminine, a engagé une politique visant à renforcer et soutenir la participation des femmes en son sein. Mesure phare de ce programme : la rencontre destinée aux femmes organisée avant l’ouverture des discussions officielles. Ce 12 octobre, les femmes du CSFEF se sont reconnues, vues, entendues et ont initié un réseau solidaire afin de faire vivre et porter la voix des femmes syndicalistes francophones, à l’instar de leurs camarades lusophones et anglophones. Ainsi, grâce à l’engagement de Brigitte Bergeron, Alexandra Bojanic, Jokebed Mougalbaye Djikoloum et Joseline Stolz, pour la première fois en trente-cinq ans, lors de cette 18e rencontre, la parité hommes-femmes était quasiment atteinte.

Le CSFEF a aussi renouvelé son Bureau pour les deux années à venir et pour la première fois de son histoire, il est composé majoritairement de femmes ( neuf sur quinze ). Le groupe de femmes né ce 12 octobre peut donc se targuer d’avoir posé le premier jalon de la recommandation lue à l’ensemble de leurs camarades lors de la rencontre.

Pour citer la nouvelle présidente du CSFEF, Claire Guéville, la voix des femmes syndicalistes est la « voix de celles à qui on ne donne pas la parole, mais qui s’en emparent ». Cette année, les femmes du CSFEF se sont emparées de la parole pour jouer leur rôle syndical. Si les femmes se sont affranchies grâce à l’éducation, en portant leur voix, elles ne travaillent pas seulement à leur propre émancipation, mais à l’émancipation de toutes et tous.

Un groupe de femmes est né pour se donner l’opportunité d’apprendre les unes des autres, se renforcer mutuellement et développer une solidarité internationale et sorore qui rayonnera, nous l’espérons, encore longtemps et bien au-delà de cette 18e rencontre du CSFEF. 

Francesca Marchesini