Au vu des mesures fédérales et cantonales concernant les manifestations cinématographiques, la sortie de certains films risque d'être reportée à des jours meilleurs tandis que d'autres seront diffusés sur les plateformes web.

Ouvrir les imaginaires

Un ado dans les étoiles

Youri tente de réparer ascenseurs et néons de sa cité vouée à être démolie. Sa cité s’appelle Gagarine, du nom du cosmonaute, lui-même venu inaugurer cette cité en 1963 près de Paris (images d’archives du film). L’effondrement se rapprochant (tourné en temps réel en 2019), Youri récupère tout ce qu’il peut pour créer une sorte de vaisseau spatial dans son HLM et vivre carrément en apesanteur ! Une superbe ofni (œuvre filmique non identifiée) entre féérie céleste et résistance sociale. Sélection officielle de Cannes 2020. Gagarine, Fanny Liatard, Jérémy Trouilh, 2020, France. Au cinéma depuis le 18 novembre.

Portrait époustouflant d’un peintre naïf italien

Né en 1899 à Zurich d’une immigrée italienne, Antonio Ligabue est expulsé en Italie où il vit, rejeté de tous, dans un bois sur les rives du Pô. Un artiste-peintre repère chez Toni une passion pour le dessin et lui enseigne la peinture. Tant la caméra que ses peintures expriment avec une force extraordinaire son énergie, ses désirs et ses rêves. Elio Germano incarne avec maestria ce destin singulier et extravagant. Prix d’interprétation masculine, Festival de Berlin 2020. Je voulais me cacher (Volevo nascondermi), Giogio Diritti, 2020, Italie. Au cinéma dès le 25 novembre.

Le combat d’une femme intègre

Nour devient l’infirmière de l’usine chimique Arkalu où travaille son père depuis trente ans. Personnel non suivi par la médecine du travail, cancers précoces d’anciens ouvriers, accident grave d’un intérimaire, Nour s’en préoccupe au grand dam de son père, syndicaliste. Une journaliste dénonce la prorogation par l’État des rejets des boues rouges de l’usine. Cet excellent thriller social se double d’une fracture générationnelle entre le père et sa fille remarquablement joués par Sami Bouajila et Zita Hanrot. Sélection officielle de Cannes 2020. Rouge, Farid Bentoumi, France. Au cinéma dès le 25 novembre.

Savoir désobéir en Iran

Quatre courts-métrages réalisés par un cinéaste interdit de filmer suivent le fil rouge de la banalité du mal et du refus de tuer son prochain. Le premier segment est une merveille de précision d’orfèvre pour décrire la journée d’un bon père de famille au travail nocturne surprenant dans sa chute. Suivi d’un huis clos au suspense moral intense entre des soldats qui se termine par une cavale au son de Bella Ciao. Cet hymne italien à la liberté est repris dans le dernier épisode quand dire une vérité peut détruire la vie de l’autre. Le troisième rend hommage aux femmes qui ont cultivé la force de dire non. Des images puissantes et brillantes. Ours d’Or du Meilleur film, Festival de Berlin 2020. Le Diable n’existe pas, Mohammad Rasoulof, Iran. Au cinéma dès le 2 décembre.