Héloïse Durler. (2015). L’autonomie obligatoire. Sociologie du gouvernement de soi à l’école. Presses universitaires de Rennes.

Si l’autonomie constitue un enjeu fondamental, elle comporte un paradoxe bien connu: l’impératif «sois autonome» adressé par l’enseignant à l’élève. Cette injonction contradictoire nous conduit à amener l’enfant à vouloir librement ce qui lui est imposé: se conformer au projet scolaire d’apprentissage de savoirs et de règles. Cet ouvrage dénoue ce paradoxe d’«autonomie obligatoire» en proposant une analyse sociologique des pratiques mises en place dans les classes «au nom» de l’autonomie et dans le but de la développer chez l’élève. L’analyse se base sur une enquête menée durant deux ans et demi dans un établissement genevois (observation de classes, entretiens d’enseignants, d’élèves, de parents). L’objectif: identifier les implications sur les personnes de cet impératif d’autonomie. L’auteure, sociologue, est chargée d’enseignement à la Haute école pédagogique de Lausanne.

Hervé Breton, Sébastien Pesce et Noël Denoyel (Dir). (2015) «Accompagnement, réciprocité et agir collectif» in Education permanente, No 205.

Durant ces quinze dernières années, l’accompagnement s’est imposé à la fois dans les recherches et dans les formations d’adultes. Il s’est institutionnalisé, au point de devenir central dans les textes sur la formation. Ainsi, celle des enseignants. Et faisant apparaître une tendance à l’hyperindividualisation des parcours de formation et une centration sur des dispositifs souvent confinés à la seule échelle des individus. Ce dossier propose de repenser l’accompagnement. Passant de la notion au concept (Maela Paul), il est approché dans ses dimensions de réciprocité et de coopération, à partir des contextes professionnels de la formation, de l’intervention sociale, de la santé et du soin. La question de la coresponsabilité associée à celle de la réciprocité, traitée par Jean-Pierre Boutinet, permet d’insister sur l’importance de voir l’accompagnement comme engageant notre manière d’assumer notre humanité.

Véronique Côté (2015). La vie habitable. Poésie en tant que combustible et désobéissances nécessaires. Ed. Québec Atelier 10. Pour commander: http://boutique.atelier10.ca/collections/documents

La poésie est-elle un luxe ? Non, dit l’auteure, elle est un besoin profond éprouvé dès la petite enfance. Ce petit livre n’est pas un recueil de poèmes. Mais une réflexion sur l’impact possible de la poésie sur nos émotions, nos réflexions, nos sensations. On voudrait nous faire croire, relève l’auteure, que la poésie n’est que douceur inutile et bonté impossible, beautés incompréhensibles et ruineuses, aspirations prétentieuses… Or en chacun de nous se cachent des désirs informulés de grâce et d’harmonie, de pureté et de tendresse, d’élévation et d’amour. Véronique Côté fait l’inventaire de ces besoins humains universels qui se révèlent à travers la poésie. Toutes les cultures, toutes les sociétés, de la plus primitive à la plus évoluée, ont toujours cherché à exprimer l’essentiel de l’existence en faisant appel à la dimension poétique. Que l’on ne peut réduire à la seule magie des mots.

Sacha Varin et Jean-Louis Chancerel (Dir). (2015). Néolibéralisme et éducation. Eclairages de diverses disciplines. Ed. Academia-L’Harmattan. 

Le néolibéralisme est-il uniquement de nature économique? Peut-on le réduire à une approche gestionnaire? Est-il applicable en tant que pensée à une problématique sociale et culturelle? Ces questions sont discutées à partir de divers champs disciplinaires, telles la sociologie, l’économie, la philosophie, la pédagogie. Les problèmes centraux en matière de politiques éducatives nous concernent fortement en tant qu’enseignants. Ainsi la question du changement dans les espaces de pouvoir décisionnel. Ou l’analyse de politiques éducatives se résumant de plus en plus à de la gouvernance et de la gestion. La faiblesse de l’ouvrage touche à l’analyse des pratiques pédagogiques dans leurs liens avec le néolibéralisme. Basée de manière très utilitariste sur des références, qui vont jusqu’à être détournées de leur sens premier pour servir les idées d’un des auteurs, elle devient peu crédible. Dommage.