> Mathieu Ichou (2018). «Les enfants d’immigrés à l’école. Inégalités scolaires, du primaire à l’enseignement supérieur.» Éd. PUF. 

Face à la prégnance de discours déclarant que les échecs scolaires sont majoritairement ceux des enfants d’immigrés, cette recherche balaie présupposés et partis pris. À la vision homogénéisante et misérabiliste d’une deuxième génération en échec scolaire massif, le chercheur oppose des analyses sociologiques montrant une forte diversité des trajectoires scolaires des enfants d’immigrés. Et montre que la cause des échecs de ces écoliers-là n’est pas l’altérité culturelle de leurs parents, mais leurs origines sociales. Ainsi, ce sont leurs expériences prémigratoires qui permettent le mieux de comprendre les dispositions scolaires qu’ils transmettent à leurs enfants. L’auteur contredit aussi l’idée que l’appartenance à des fratries nombreuses serait responsable des difficultés scolaires des enfants d’immigrés: les frères et soeurs constituent plutôt une ressource qu’un handicap pour la scolarité. 

> Jane Nelsen, Lynn Lott & Stephen Glenn. (2018). «La Discipline Positive dans la classe. Favoriser l’apprentissage en développant le respect, la coopération et la responsabilité.» Éd. du Toucan. 

Vous rêvez d’enseigner dans une ambiance apaisée avec des élèves motivés et curieux d’apprendre? Vous aimeriez passer moins de temps à contrôler les comportements inappropriés? Et faire que les incidents soient une source de développement de compétences sociales, émotionnelles, civiques? La démarche et les outils de la Discipline Positive (DP), en 350 pages, vous donnent les clés: créer un climat de classe qui stimule l'apprentissage et développe le sentiment d’appartenance. Utiliser l’encouragement plutôt que les éloges et les récompenses. Mettre en place le «Temps d’Échange en Classe» (TEC) et, pour éviter la punition, focaliser sur la recherche de solutions. Trouver des réponses efficaces, en identifiant les buts qui sous-tendent les comportements inappropriés plutôt que d’en chercher les causes… Un grand manque dans cette DP apparaît: apprendre à poser les problèmes avant de tenter de les résoudre. 

> E. Bilal, J.-P. Delahaye, L. Devillers, G. Dowek, J.-G. Ganascia, Y. Lecun, C. Villani. (2018). «Intelligence artificielle. Enquête sur ces technologies qui changent nos vies». Éd. Champs actuel. 

Que désigne le terme «intelligence artificielle (IA)»? Les robots annoncent-ils vraiment la fin du travail? La guérison de pathologies? L’impossibilité de différencier un morceau de musique ou un texte composé par un ordinateur de l’oeuvre d’un humain? L’intelligence artificielle suscite autant de questions que d’enthousiasme et de craintes. Parce qu’elle n’est pas seulement une innovation, qui pourrait se réduire à la découverte d’une solution nouvelle à un problème ancien. Mais – comme l’imprimerie, l’internet –, elle provoque un changement de paradigme, une «évolution épistémologique». Et pour l’IA, un changement d’appréhension de ce qui fait vraiment l’humanité de l’homme. Cette enquête propose d’en revenir aux faits en exposant, à travers divers experts, l’état de la recherche, les progrès en cours, et les grands chantiers de demain… d’où émergeront une multitude d’autres innovations. 

> Cathy O’Neil. (2018). «Algorithmes. La bombe à retardement.» Éd. Les Arènes. 

L’auteure, passionnée de mathématiques, garde l’espoir que l’intelligence artificielle pourra demain apporter des progrès inouïs. Si elle est bien encadrée. Dans ce but, elle dénonce les mauvais usages actuels de l’intelligence artificielle. En montrant que les machines qui manipulent des chiffres que nous pensons impartiaux, construisent souvent de catastrophiques algorithmes parce qu’ils reposent sur des choix faits par des personnes faillibles, qui encodent des préjugés, des malentendus et des partis pris humains. L’exemple donné d’un algorithme de notation automatique des enseignants, aggravant les inégalités qu’il prétendait corriger, demeure frappant. Comme la faculté de manipuler les masses via les réseaux sociaux. Cathy O’ Neil a trouvé un nom pour dénoncer ces modèles nocifs: Armes de Destruction Mathématiques (ADM). Armes dangereuses aussi parce que leurs verdicts semblent sans appel.