A quoi, à qui, l’enseignant devrait-il être fidèle?

A quoi, à qui, l’enseignant devrait-il être fidèle?

Joli petit échange l’autre jour, avec quelques futurs collègues. Partis d’une façon presque anecdotique sur la meilleure manière de gérer la multiplicité exponentielle des directives, les débats se sont vite portés sur la question de la fidélité à la hiérarchie. Et celle de la loyauté. Etrangement, alors qu’on eût pu les attendre quelque peu rebelles, ce fut plutôt à une justification de la timidité de leurs mises en cause du système et de leur questionnement sur ce champ que se livrèrent les interlocuteurs.

«Pour réussir notre formation, nous devons pas mal passer sous le joug des professeurs et des praticiens-formateurs, louvoyer, jouer avec les exigences. Alors, petit à petit, peut-être bien que l’on développe une attitude trop soumise.»

On a beau savoir ça, que connaître les codes, se les approprier et savoir jouer au mieux avec le système sont les meilleurs gages de réussite, on aurait attendu un peu plus d’audace sur ce champ.

Comment qu’ils disaient déjà Bourdieu et Passeron il y a bientôt cinquante ans? La reproduction? Or donc, la loyauté d’abord.

Etre loyal envers les collègues et tous les acteurs de l’école, ainsi qu’envers les élèves et leurs familles ne consisterait-il pas d’abord et assez simplement à tenir ses engagements, sans faux-semblant? A dire la vérité, avec empathie et politesse, sans rudesse inutile, mais avec fermeté sereine, quand ce qui a été conclu n’aurait pas été tenu? A éviter de propager des rumeurs, cette peste sourde de trop de salles des maîtres? A s’adresser avec franchise à tel collègue dont on estimerait qu’il s’éloigne par trop de ce qui est attendu, qui se replierait sur des certitudes définitives, qui refuserait jusqu’à la collaboration ordinaire ou encore qui manifesterait un autoritarisme proche du mépris?

Etre loyal envers l’employeur, et envers les textes prescriptifs, ne serait-il pas, là aussi, d’abord faire preuve de clarté et de responsabilité? A s’en tenir à une orientation claire: appliquer d’une manière critique ce qui est requis et tout mettre en œuvre de manière active pour faire changer ce qui ne convient pas. A tout le moins éviter cette forme de lâcheté qui consiste à faire semblant de respecter ce qui est demandé, ou pire encore à se réfugier derrière l’argument de l’obéissance tout en claironnant qu’on ne partage pas ce que l’on est amené à faire.

La loyauté dans notre profession, cela doit bien ressembler à quelque chose de cet ordre… non?

Ensuite, quelques mots sur la fidélité.

Fidélité d’abord à ce que l’on est. Et ce pour quoi la profession a été embrassée; que l’on espère d’abord entièrement tendu vers la réussite des élèves. Sans jugements abrupts ni idées préconçues. Fidèle à la défense de la plus grande liberté d’action possible dans la responsabilité.

Et, au final, fidélité à la générosité qui devrait être la condition ordinaire de notre engagement, un de ses axes fondateurs.

Nous savons que tout cela pourrait paraître pompeux, décalé, prétentieux. Comme nous savons aussi combien sont multiples les obstacles, les difficultés, les bâtons qui plus souvent qu’à leur tour se mettent en travers de la route ou se glissent dans les roues.

Mais nous restons persuadés que notre profession, centrale en responsabilité sociale, ne peut être exercée avec succès que dans un contexte lumineux. Qu’il ne saurait être des élèves heureux dans une école conduite par des gens qui ne le seraient pas a minima.

C’est à ces quelques certitudes que nous devrions rester fidèles, dans la promesse du principe d’éducabilité.

C’est très exigeant et presque impossible.

 Et si c’était cela qui rendait magnifique l’engagement quotidien au front des classes?

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