Cela paraissait tellement normal, comme un rituel immuable, presque un cycle naturel, éternel. Cependant, des évènements imprévus (coronavirus, ou tempête de La Chaux-de-Fonds...) nous rappellent que la possibilité de reprendre l’école «normalement» reste un privilège et que pour cela, de nombreuses conditions doivent être remplies. Alors, même si souvent nous aimerions tout de même prolonger encore un peu le temps des vacances, réjouissons-nous que l'heure de la rentrée soit bien là.

Bien sûr, chacun·e la vit de manière différente, selon ses responsabilités, son âge et sa profession. D’ailleurs, pour beaucoup, le temps des vacances ne se situe pas forcément en juillet-aout. Mais c’est bien l’ensemble de la société qui ralentit, qui marque une pause estivale, avant de redémarrer dans le courant du mois d’aout.

Pour le SAEN, cette rentrée sera passionnante, mais aussi riche en défis. Nous allons sans tarder reprendre les réflexions sur de nombreux sujets. La réussite des élèves, l’évaluation de leur travail, la gestion des redoublements sont des chantiers qui concernent l’ensemble de l’école obligatoire. Des changements s’annoncent, des projets voient le jour et nous devons participer à ce mouvement en faisant valoir l’expérience et l’opinion des enseignant·es du terrain, à qui reviendra de mettre en pratique les changements qui seront décidés.

En parallèle à ces réflexions sur « l’efficacité » de l’institution scolaire, se poursuit aussi le projet d’une école plus inclusive, améliorant les collaborations entre les formations régulières et spécialisées afin de permettre un suivi plus personnalisé de chaque enfant, tenant compte de ses difficultés mais aussi de son potentiel.

Au post-obligatoire, c’est la transition vers le lycée en quatre ans et la réforme de l’enseignement professionnel qui vont nous occuper. Il est absolument nécessaire de suivre l’évolution des exigences de la société, qui demande des jeunes toujours mieux formé·es pour entrer dans la vie professionnelle. Mais ceci exige un réel investissement de la part de nos autorités, qui doivent convaincre le monde politique et la population d’y mettre les moyens nécessaires.

Pour mener à bien tous ces chantiers, et bien d’autres encore que l’on pourrait citer, il est clair que les enseignant·es auront besoin de temps, de formation, de conditions de travail acceptables et d’une rémunération correcte. Il faut aussi que l’ambiance de nos collèges soit favorable, que chacun·e ait du plaisir à venir travailler, que les relations entre tous·tes les professionnel·les de l’école soient respectueuses, motivantes et constructives. Dans une période de changements et de remise en question permanente, telle que nous la vivons, il est capital de soigner le « vivre ensemble », de favoriser la communication et la création d’équipes pédagogiques, d’apprendre à s’encourager, à s’écouter et à mettre en commun les dons de chacun·e.

Hélas, ceci n’est pas une évidence. Souvent, les périodes de bouleversements amènent aussi du stress, de la fatigue, du découragement, une perte de repères qui peuvent dégénérer en épuisements, en crises diverses, parfois même en violences. Il est absolument nécessaire d’y rester attentif·ve, de se donner les moyens d’agir lorsque des symptômes négatifs apparaissent, de parfois « tirer la sonnette d’alarme ».

Votre syndicat est le bon endroit pour partager vos ressentis à ce sujet et pour construire ensemble l’école de demain. Utilisez-le ! 

Pierre-Alain Porret, président du SAEN