Salaires et retraites: … et ils eurent beaucoup d’enfants!

Salaires et retraites: … et ils eurent beaucoup d’enfants!

 

Résumé de la situation: depuis 1994, baisse de 20% des salaires (= 3 milliards d’économie sur le dos des employés et des enseignants), partage non équitable lors de la recapitalisation des caisses de pension en notre défaveur en 2000, suppression de la progression automatique, nouvelle loi CACEB avec deux ans de travail supplémentaires, augmentation des cotisations plus cotisations d’assainissement… Voilà l’essentiel des sacrifices imposés aux enseignants ces dernières années. Et dire que d’aucuns prétendent que seul le canton passe à la caisse! Les bras m’en tombent! 

La direction de l’instruction publique devait donc présenter un projet d’assainissement pour les caisses de pension (cf. obligation fédérale), mais suite à diverses motions, la Direction de l’instruction publique (DIP) devait également y intégrer deux éléments: le changement de primauté et préparer une seule loi pour les deux caisses.

A propos du passage à la primauté des cotisations (= principe du «carnet d’épargne »), il est intéressant de noter le double langage de certains élus. Alors que le Gouvernement rappelle dans son rapport que ce changement ne doit pas être un exercice d’économies (selon les dires de M. Gasche, ex-conseiller d’Etat), l’UDC reconnaît dans sa prise de position que si ce changement avait été opéré lors de la précédente révision, la situation serait moins grave. Comprenez: la primauté de cotisations est une «bonne affaire» pour le canton, car il dépense moins (= moins d’argent pour nos retraites = diminution des prestations). Encore plus choquant: il estime que le montant de 500 millions prévu pour assurer la transition du système est trop élevé. Or nous savons qu’il est déjà calculé trop bas! Il faut, toujours selon l’UDC, durcir les conditions d’octroi en fonction de l’âge et de la durée d’enseignement. En clair, cela signifie que la «génération sacrifiée» (cf. billets précédents) va encore y laisser plus de plumes! Le PLR serait prêt à accepter, mais il réserve son avis en fonction d’autres décisions. Il en profite pour rappeler que dans le secteur privé, de nombreuses personnes ont vu leurs retraites diminuer, il est donc normal pour eux de voir une diminution des prestations.

Le fait d’avoir une seule loi pour les deux caisses est, à mon avis, un désavantage très net pour la CACEB. Je ne vais pas polémiquer au sujet de la CPB, je m’adresse ici principalement aux enseignants. Je me permets toutefois de relever des différences manifestes entre les deux organismes: – la durée d’engagement des employés est notoirement inférieure à celle des enseignants; – ils peuvent plus facilement trouver du travail dans le privé (régulièrement mieux payé !); – la CPB n’a jamais procédé, jusqu’à présent, à des mesures d’assainissement.

Enfin, comme je le rappelais dans le billet précédent, la CPB disposait, en 2000, de réserves de fluctuation, pas nous. Il y a donc manifestement un déséquilibre avec d’un côté les enseignants qui ont déjà été lourdement pénalisés, de l’autre les employés qui ont été épargnés! De plus, il convient de rappeler que, outre les politiciens cantonaux, certains enseignants font partie de la CPB, mais comme par hasard, pas les maîtresses enfantines… Cette précision étant faite, revenons à nos moutons! Capitalisation partielle ou complète, quelles sont les positions?

Les deux partis bourgeois sont d’avis qu’il faut envisager une capitalisation complète, malgré l’investissement supplémentaire que cette option nécessite. Or, dans le même temps, ils constatent que le canton – comprenez les contribuables – sera le seul à passer à la caisse, ce qu’ils refusent. A l’instar du privé, ils veulent que les caisses se débrouillent seules, sans garantie étatique. Pour ces formations, la garantie représente avant tout un risque de devoir à nouveau assainir d’ici quelques années. En théorie, les dirigeants de la CACEB sont aussi favorables à une capitalisation complète, pour autant qu’elle comprenne des réserves de fluctuation! Comme vous pouvez vous en douter, le canton ne mettra jamais les montants nécessaires pour «repartir du bon pied», car cela représente pratiquement le doublement de la somme prévue. Quand bien même le rapport de la CEP de 2004 relevait que le manque de réserves en 2000 était une erreur, nous nous retrouverions exactement dans la même situation. Or, une fois la nouvelle loi votée, les caisses n’auront plus que deux moyens pour pallier le manque de financement: élever les cotisations ou diminuer les retraites. Elles pourraient également recourir à des stratégies de placement risquées (= plus d’actions), ce qui fort heureusement ne semble plus d’actualité. En résumé, on peut dire que ces deux partis bourgeois refusent un endettement supplémentaire du canton pour assainir les caisses. L’UDC indique d’ailleurs clairement son intention de recourir au référendum, si ses vues ne sont pas suivies. Il est à noter qu’en cas de référendum, c’est la pire solution qui sera obligatoire, recapitalisation complète, et en 10 ans au maximum. Il faudra que l’UDC nous dise où elle va trouver les piles de billets qui seront nécessaires! Les deux formations estiment que les efforts sont unilatéraux (= à charge du canton), ce qui est un énorme mensonge. J’espère vous avoir convaincus qu’en ce qui concerne les enseignants, les efforts ont déjà été faits – au contraire du canton! J’en profite ici pour rappeler que la seule manière d’obtenir une retraite comparable au système actuel est d’avoir une progression salariale annuelle de 1,5%. Donc, si les députés refusent ce point central de la LSE, il est certain que les retraites futures seront plus faibles!

J’ai essayé de vous dépeindre les principaux éléments du contexte politique dans lequel se dérouleront les débats cruciaux sur l’avenir de nos conditions d’engagement. Je passe volontairement sous silence des propositions idoines du PLR, qui propose entre autres une meilleure retraite pour les cadres, ou encore la liberté de choisir parmi une palette de plans de retraite (= ceux qui ont les moyens peuvent bien s’assurer, tant pis pour les autres!). Les députés se prononceront lors de la session de mars sur la nouvelle LSE, et en juin pour la nouvelle LCP. Vous comprenez certainement mieux désormais la raison de notre décalage de la journée pédagogique et syndicale du SEJB au début du mois de mars. Il s’agira en effet, à ce moment-là, de définir les moyens d’actions que nous mettrons en œuvre pour faire entendre nos revendications. Vous l’aurez compris, il n’est pas illusoire de penser que nous devrons recourir à des moyens très démonstratifs, comprenez par là éventuellement une vraie grève éventuellement de longue durée, avec service de piquet pour les enfants clé au cou, pour faire entendre notre voix. Mais, allez savoir, peut-être que d’ici-là, après le «round d’observation», la raison prendra le pas sur le «gonflement de muscles» ! Par contre, il est certain que seule une mobilisation très forte alliée à un véritable esprit de solidarité pourront nous permettre de retrouver le sourire d’ici à l’été 2013. Je termine cette série de billets en vous invitant à dialoguer et à expliquer notre situation à votre entourage. Je suis convaincu qu’un vaste débat ne pourra nous être que profitable. Du côté du Comité central, nous allons évidemment tout mettre en œuvre pour faire entendre nos arguments à nos députés.

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