SEfFB: Internet : blesser, menacer et humilier - 09/2023

SEfFB: Internet : blesser, menacer et humilier

La lutte contre le cyberharcèlement en milieu scolaire est un défi de taille pour les élèves, les parents, les écoles et les autorités, car le nombre de cas ne cesse d’augmenter.

 

 

« Tout a commencé par des remarques blessantes sur mon physique », explique Rachel 1, élève d’un collège biennois. « Puis, elles ont formé un groupe sur internet pour me harceler, au point que je pleurais souvent. Heureusement, mes parents se sont rendu compte que quelque chose n’allait pas. Ils sont allés prévenir le directeur de l’école et ça s’est calmé », ajoute cette adolescente de 14 ans.

 

Cas en hausse

« La direction de l’Instruction publique du canton de Berne ne dispose pas de chiffres sur le cyberharcèlement pour les écoles primaires ni pour les écoles du niveau secondaire II », précise Iris Frey, sa porte-parole adjointe. Mais le cas de Rachel est loin d’être isolé. « Près de la moitié des adolescents ont déjà été au moins une fois victimes de harcèlement en ligne en 2022, contre 19 % en 2014. Les règlements de compte sur internet ont également augmenté d’environ dix points de pourcentage au fil des ans. » Ces constats inquiétants sont tirés de l’étude JAMES menée par des scientifiques du Département de psychologie appliquée de l’Université de Zurich, en collaboration avec Swisscom. Tous les deux ans, cette étude analyse de manière poussée les comportements et l’utilisation des technologies par les jeunes de 12 à 19 ans.

 

Humiliations

La définition de ce phénomène forcément récent est précise : « Le cyberharcèlement implique un ou plusieurs acteurs qui s’en prennent à une personne pendant un certain temps et de manière répétée, en utilisant les technologies numériques dans le but délibéré de la blesser, de la menacer ou de l’humilier personnellement et individuellement. » 

Ce phénomène est donc un défi nouveau pour les établissements scolaires, les victimes, leurs parents et les autorités, car le cyberharcèlement est différent du harcèlement « classique » : il est exclusivement en ligne et il se manifeste de nombreuses manières. En particulier par:

– la publication de photos, de vidéos ou de messages audios; la diffusion d’informations fausses ou de rumeurs au sujet de la victime ;

– la propagation de photos ou de vidéos falsifiées, dénudées, voire pornographiques de la victime ;

– la fabrication de faux profils sur les réseaux sociaux ;

– le fait de proférer des injures, des insultes, de harceler, de menacer et d’exercer un chantage par courriel, SMS, messages, commentaires ou publications sur les réseaux sociaux ;

– et enfin par la création de « groupes haineux » dans le but de consigner des remarques négatives sur un individu sur les réseaux « sociaux ».

 

Services de conseils

Alors, que faire ? « Il est essentiel que les personnes concernées par la cyberintimidation, aussi bien les jeunes élèves que leurs parents, cherchent le dialogue avec l’école, que ce soit avec le corps enseignant, la direction de l’école ou l’assistante sociale scolaire », insiste Iris Frey, au nom de la DIP. « Dans de nombreuses écoles professionnelles, il existe en outre des services de conseils, et les collaboratrices et collaborateurs sont également sensibilisés au thème du cyberharcèlement. Les écoles prennent ensuite des mesures en concertation avec les personnes concernées et font également appel à des services spécialisés si nécessaire. »

Suffisant ? Pas forcément, puisque les autorités scolaires ont décidé de s’emparer sérieusement de ce thème sur le plan pédagogique. « Les hautes écoles pédagogiques proposent aux enseignants et aux enseignantes des formations continues sur le thème du harcèlement. Par exemple ceux intitulés " Reconnaitre le harcèlement à l’école et y faire face efficacement ", ou " La méthode de la préoccupation partagée ( MPP ) " », poursuit-elle. Par ailleurs, il est prévu que les élèves soient sensibilisé·es à la problématique du cyberharcèlement dans les cours d’éducation numérique ou des semaines hors cadre consacrées aux réseaux « sociaux ».

 

Pas de loi spécifique

Mais le chantier de la lutte contre le cyberharcèlement, pas seulement en milieu scolaire, est à peine ouvert. Car en Suisse, il n’existe aucun article pénal explicitement consacré à ce nouveau phénomène. Selon l’ampleur des actes commis et leur nature, il est cependant possible pour les victimes de se référer aux articles de lois qui peuvent déjà condamner les insultes, la diffamation et les menaces. De tels délits sont alors punissables d’une peine pécuniaire pouvant atteindre 180 jours-amende.

Par ailleurs, si, dans le cadre du harcèlement, un compte de médias sociaux est piraté et utilisé sans l’accord de son titulaire, son auteur·e est punissable d’une peine privative de liberté pouvant aller jusqu’à cinq ans. Mais au niveau scolaire, la marge de manœuvre des responsables de ces établissements et du corps enseignant reste assez limitée. « Les écoles prennent en premier lieu des mesures pédagogiques. En outre, des mesures disciplinaires telles que la réprimande écrite ou l’exclusion temporaire ou même complète de l’école, au niveau secondaire II, sont possibles », complète Iris Frey.

 

En matière de lutte contre le cyberharcèlement en milieu scolaire, le rôle des parents est donc particulièrement important. Mais combien d’entre eux sont-ils en mesure de s’adapter à la place croissante que les réseaux «sociaux» tiennent dans la vie quotidienne de leurs enfants? 

 

 

Mohamed Hamdaoui

 

 

 

1 prénom d’emprunt

Les numéros complets de la revue, les dossiers pédagogiques et les articles qui les constituent peuvent être consultés par les abonné·es connecté·es.
Faute d’abonnement, il est possible de les obtenir au format PDF. [Numéro ou Dossier : 11 CHF; Article : 2 CHF.]
Si disponibles, des éditions imprimées des numéros de la revue peuvent être commandées à secretariat@revue-educateur.net.

S'abonner Accéder au numéro complet

SER

Secrétariat

Lundi, mardi, jeudi, de 08h00 à 16h30 et mercredi matin Av. de la Gare 40 / CP 416 1920 Martigny 1 Tél : 027 / 723 59 60

ser@le-ser.ch

CONTACTS

Bureau du Comité du SER

David Rey, président Tél : 079 / 371 69 74

d.rey@le-ser.ch

Olivier Solioz, vice-président

o.solioz@le-ser.ch

Pierre-Alain Porret, SG nommé

p-a.porret@le-ser.ch

Administration

Véronique Jacquier Darbellay

v.jacquier@le-ser.ch

Educateur

Secrétariat

Lundi, mardi, jeudi, de 08h00 à 16h30 et mercredi matin Av. de la Gare 40 / CP 416 1920 Martigny 1 Tél : 027 / 723 58 80

secretariat@revue-educateur.net

Rédactrice en chef

Nicole Rohrbach Tél : 078 / 742 26 34

redaction@revue-educateur.net

Prépresse et régie publicitaire

Sylvie Malogorski Défago Tél : 027 / 565 58 43

communication@revue-educateur.net