Soixante ans d’attente !

Bienne va-t-elle enfin construire une nouvelle école ? Le peuple tranchera dans quelques jours.

Soixante ans ! Voilà très exactement soixante ans que Bienne, 57’000 habitantes et habitants, n’a pas construit de nouvelle école publique pour l’enseignement obligatoire ! Depuis, pour faire face aussi bien à l’usure des bâtiments qu’à l’évolution démographique, la deuxième ville la plus peu peuplée du canton de Berne a procédé à la rénovation complète du Collège Dufour, à l’assainissement partiel d’autres établissements scolaires, et à des solutions de bric et de broc, comme l’occupation provisoire d’usines adaptées pour accueillir des élèves et le corps enseignant.

Lors de sa session d’avril, le Conseil de Ville s’est prononcé sur un crédit de 59 millions de francs pour construire une nouvelle école dans le quartier de la Champagne. « La construction d’une nouvelle école est un évènement à saluer, elle reflète la réalité sociale et conjoncturelle en constante évolution à Bienne. La construction d’une nouvelle école est un acte symboliquement fort, il répond à la volonté de développer l’avenir du quartier de la Champagne en forte densification et celle de la ville », avait notamment déclaré la conseillère de Ville socialiste romande Joseline Stolz. L’ancienne directrice de l’école du Marché-Neuf et membre du comité de Formation Berne n’avait pas ménagé ses efforts pour tenter de convaincre le parlement. « Cette nouvelle école permettra d’accueillir 22 classes primaires et des classes particulières. La taille de cette école reste à taille du quartier, ce qui évite les problèmes de grands centres scolaires difficilement gérables et qui obligeraient de longs déplacements des élèves », avait-elle encore ajouté.

Ce projet correspond aussi aux besoins pédagogiques modernes. « L’école de la Champagne ne répond pas seulement aux exigences scolaires, elle répond aussi aux besoins de l’école à journée continue. En effet, l’organisation d’une école de jour est réalisable dans ces locaux modulables selon les besoins. Les élèves pourront se déplacer en pantoufles de leur salle de classe à l’école à journée continue », avait encore rappelé Joseline Stolz. En plus, cette nouvelle école abritera deux salles de gymnastique, contribuant à répondre aux demandes de plus en plus importantes en matière de pratique du sport. Et elle respecte les nouvelles normes climatiques et énergétiques.

Le peuple biennois se prononcera le 9 juin. Le projet passera-t-il comme une lettre à la poste ? Pas forcément. Bienne est une ville qui souffre d’un endettement important et, en pleine année électorale ( les autorités seront renouvelées en septembre ), le montant du crédit, 59,1 million de francs, pose débat. Chantres d’une stricte rigueur budgétaire, les Verts’libéraux n’ont d’ailleurs pas manqué de s’engouffrer dans la brèche, affirmant que le projet aurait pu être bien moins couteux, tout en remplissant les mêmes exigences.

Rappelons cependant que d’autres variantes sur la table étaient bien plus couteuses et que le projet définitif est le fruit d’un compromis. L’autre opposition frontale est venue de l’UDC qui a implicitement remis en cause le modèle pédagogique actuel. « À mon époque, les élèves se contentaient de classes d’écoles où apprendre les bases et n’avaient pas besoin de classes luxueuses pour apprendre d’autres choses ! », avait notamment avancé un élu de ce parti.

Grâce au soutien des petites formations centristes et à l’abstention des libéraux-radicaux, le projet avait passé la rampe au Conseil de Ville. En cas d’acceptation par le peuple, les travaux commenceront en 2025 et s’achèveront en 2028. « La nouvelle école de la Champagne, n’est pas seulement une école à usage scolaire, elle remplit aussi l’offre des classes à besoin particuliers, de l’EJC et des clubs sportifs. Elle deviendra aussi une très jolie carte de visite pour notre ville », avait conclu Joseline Stolz lors des débats.

Soixante ans après, la construction d’une nouvelle école biennoise n’est peut-être plus une utopie. •

Mohamed Hamdaoui