SPFF: Oh la mauvaise « surprise » ! - 2/2023

SPFF: Oh la mauvaise « surprise » !

Avant ( dans un autre temps ), l’école enfantine n’était pas obligatoire. C’était un premier pas dans l’école, mais chaque parent pouvait choisir d’y mettre son enfant ou pas. Petit à petit, tout en restant facultative, cette première année d’école est devenue normale pour tout le monde, voire même importante, car elle permettait une entrée dans la scolarité en douceur.

 

 

Sont arrivées les discussions sur HarmoS et dans le canton de Fribourg, cela a amené l’introduction de la 2e année d’école enfantine et surtout, l’obligation pour tous·tes les enfants d’entrer en scolarité à l’âge de 4 ans. L’école enfantine devenait enfin reconnue et entrait dans le cursus de la scolarité obligatoire avec une nouvelle dénomination, 1H et 2H, 1H à 11H, un tout. L’école commence donc depuis ce moment-là par ces deux premières années de scolarité si importantes.

C’est là que les enfants débutent leurs apprentissages, qu’ils et elles entrent petit à petit dans un nouveau rôle, celui d’élève.

L’importance de ces deux premières années n’est plus à démontrer, elles mettent en place toutes les bases d’une scolarité épanouie. Ce n’est pas toujours facile, et, pour certain·es enfants, cela prend plus de temps que pour d’autres. Mais l’une des grandes forces des enseignant·es de ces degrés est certainement la différenciation qu’ils·elles mettent en place. Le PER et les objectifs à atteindre à la fin de ce demi-cycle leur permettent de travailler pour le bien des enfants, d’adapter leur enseignement à chacun·e afin d’avancer au rythme des élèves.

Avec l’introduction d’HarmoS, un bulletin scolaire avait été mis en place. Un bulletin progressif tout au long des quatre semestres de l’école enfantine.

Une signature attestant d’un entretien pour le premier semestre, l’évaluation de trois attitudes face aux apprentissages au deuxième semestre, l’évaluation de sept attitudes face aux apprentissages au troisième semestre et la même chose au quatrième semestre avec l’ajout de l’évaluation des domaines du PER. Ce bulletin permettait aux enseignant· es de faire un retour aux parents et à ces derniers de voir concrètement où se situait leur enfant. Le bulletin s’accompagnait d’un entretien au premier et au troisième semestre avec un échange ô combien important tant pédagogiquement que socialement. Le lien créé avec les familles lors de ces entretiens est évidemment primordial.

Et cette année, surprise !

Un nouveau bulletin entre en vigueur avec notamment des adaptations au niveau des mesures d’aide et de la gestion des absences. Mais pour l’école enfantine, c’est la douche froide. Un immense pas en arrière est fait. Pour les quatre semestres, il n’y a plus rien. Juste la notification qu’un entretien a eu lieu ou pas durant le semestre et la signature des parents, de la direction et des enseignant·es.

Plus rien à aucun moment sur le comportement des élèves, sur leurs attitudes face aux apprentissages ou sur leur évolution en classe. Comme si l’on revenait à l’époque où l’école enfantine était à part et ne « comptait » pas. Comme si le travail effectué n’était pas si important. Comme si on invalidait ce qu’il se passe durant ces premières années de scolarité.

J’imagine sans peine que ce n’est absolument pas le message que les autorités de notre canton aimeraient faire passer. Je ne doute pas qu’elles ont pleine confiance dans le travail effectué dans les classes 1-2H fribourgeoises, qu’elles ont conscience de l’importance de cette entrée en scolarité et qu’elles soutiennent chaque enseignant·e.

Mais alors, quel drôle de choix …

Alors que l’école est en constante mutation, que l’évaluation sous toutes ses formes devient de plus en plus pointue, pourquoi supprimer le bulletin scolaire des deux premières années ?

Ce dernier est le moyen officiel permettant d’informer les parents et l’élève de sa progression dans les apprentissages, tout en explicitant ses forces et ses difficultés au moyen d’appréciations. Cela ne remplace évidemment pas les rencontres, les échanges et les discussions, mais c’est une trace. C’est un moyen de montrer où l’élève se situe. C’est aussi un élément important pour les enseignant·es d’après, celles et ceux qui recevront ces élèves en 3H et plus tard.

Durant ces premières années, les bases essentielles aux différents apprentissages sont posées. Les enfants deviennent des élèves en commençant par le développement de compétences sociales et l’apprentissage du vivre ensemble. Mais ce n’est de loin pas tout. Un travail de titan est effectué dans tous les domaines du PER. Tous les prérequis aux apprentissages sont mis en place, petit à petit, au rythme des élèves. Des mathématiques, du français, de l’écriture, de l’histoire, de la géographie, du chant et tant d’autres choses sont travaillées, développées, exercées. On ne fait pas semblant, nous n’en sommes plus au temps où à l’école enfantine, on jouait et on dessinait …

Alors oui, il est temps de repenser l’évaluation, de développer les capacités transversales qui prennent une place de plus en plus importante dans l’école d’aujourd’hui et de demain. Et c’est très bien ! Le rôle des enseignant·es est de guider les élèves sur le chemin de la vie, de les emmener à développer ces aptitudes qui traversent et relient tous les domaines d’apprentissage et qui sont primordiales pour entrer bien plus tard dans la vie professionnelle.

Les élèves doivent devenir acteurs et actrices de leurs apprentissages et apprendre à identifier leurs forces et leurs défis, l’objectif étant de mettre en valeur ce qu’ils·elles acquièrent afin de les faire progresser.

Mais supprimer toute trace de ce qui est fait dans les deux premières années de scolarité pour se baser uniquement sur des échanges oraux, c’est, malgré tout, donner bien peu de valeur et de crédit au travail effectué chez les tout·es petit·es par les enseignant·es de 1-2H. 

 

Claire Spring, coprésidente de la SPFF

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