Tablettes numériques

Tablettes numériques

 

«Les tablettes numériques n’ont pas fait leurs preuves dans l’éducation.» Ce titre d’article paru le 25 mai dans le journal Le Temps** interpelle par le ton catégorique, voire provocateur, qu’il emploie. Emportés que nous sommes dans le tourbillon incessant et omniprésent du multimédia et des technologies de l’information, nous restons un instant figés et demandons à comprendre.

 

L’usage généralisé de l’ordinateur en classe, c’est un peu comme les véhicules électriques, le tourisme spatial ou encore le Swissmetro à sustentation magnétique. On en parle depuis des années. Que de fois n’a-t-on lu, entendu ce genre de prédictions: «En 2000, tous les écoliers auront troqué leurs manuels lourds et encombrants contre un micro-ordinateur, une tablette numérique. En 2010, tous les véhicules seront mus par une énergie propre et renouvelable. En 2015, l’homme ira en vacances sur la lune. Et cætera»! Les avancées technologiques spectaculaires font toujours rêver et c’est fort bien. «L’imagination est plus importante que le savoir», disait Einstein. La technologie existe, elle fonctionne bien, très bien pour l’informatique. La volonté y est aussi, du moins dans certains établissements scolaires, souvent privés, qui en font un atout pédagogique. Reste la réalité du terrain. Et là, l’engouement s’amenuise. Les spécialistes MITIC, tout autant que les enseignants de branches, se montrent globalement très mesurés. On peine encore à associer aux tablettes numériques une réelle plus-value didactique. La plupart du temps, les élèves exécutent avec ces appareils les mêmes types d’exercices qu’ils faisaient sur des feuilles A4 ou dans les manuels scolaires. Seul l’outil change. Ce dernier apparaît alors généralement comme un facteur d’enthousiasme pour les élèves. Et c’est là certainement un point positif. Varier les supports de travail, utiliser les moyens familiers des élèves nourrit leur intérêt. Un autre aspect toujours vendu comme extrêmement positif est le gain de place. Exit le lourd sac à dos, tout est dans la tablette. Il faut encore nuancer. La lecture sur tablettes de textes longs n’est pas encore recommandée. Outre le fait qu’elle est moins aisée, moins agréable, moins pratique que sur du papier, on nous apprend dans l’article du Temps que la vitesse de lecture sur les actuels écrans rétroéclairés est de 25% moins rapide que dans un livre. Reste tout de même un atout de taille en faveur du numérique à l’école: l’accès à internet, au savoir universel et instantané. Une véritable révolution! On a tendance parfois à la dénigrer, faisant référence au caractère instantané, parfois superficiel, voire néfaste, d’internet. Ce n’est pas tout à fait correct. Il a été en effet démontré** que l’encyclopédie en ligne du moment, Wikipédia, n’avait rien à envier à la vénérable Encyclopaedia Britannica. En effet, si le nombre d’erreurs est quasi identique dans les deux ressources, il ne faudra que quelques minutes pour les corriger sur Wikipédia… Quoi qu’il en soit, on l’aura compris, les tablettes numériques ne convainquent pas encore la majorité des enseignants. L’essentiel, disait Montaigne3 à propos du précepteur, est d’avoir une tête bien faite, plutôt que bien pleine. L’ordinateur compensera sans problème la tête bien pleine, il ne pourra toutefois remplacer une tête bien faite, qui présuppose la compréhension et la mémorisation de notions fondamentales... Encore de beaux jours pour le métier d’enseignant! Bonne fin d’année scolaire! Bonnes vacances!

 

* Carrières Formation, p. 1 (supplément du journal Le Temps)

** www.sciencepresse.qc.ca/archives/2005/cap1912053.html 3 Montaigne, Essais, Livre l, Chap. XXV, 16.

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