Lourde tâche que celle de succéder dans cette rubrique à Ulrich Knuchel! En dix ans de billets, il a su interpeller, motiver, amuser parfois, comprendre évidemment, et surtout intéresser ses collègues, mois après mois. Et m’y voilà, à reprendre le flambeau, avec pour seule expérience scolaire celle de mère et de très ancienne élève... Inévitablement, je vais parfois me tromper, vous agacer aussi. Pourtant, portée par l’énergie, les convictions et les connaissances du Comité central, je ne manquerai ni de motivation ni de références et m’efforcerai, avec elles, de contribuer à une lutte syndicale à l’évidence toujours plus indispensable.

Femme, je suis doublement sensible à la dévalorisation de votre profession, que la droite dure se réjouit sans doute de voir féminisée, pour mieux la traiter par-dessus la jambe. Mais surtout, j’en suis intimement convaincue, l’avenir, notre avenir non seulement de parents et de grands-parents, mais surtout notre avenir d’individus sociaux, dépendant étroitement d’une collectivité sociale, économique, professionnelle, notre avenir donc est incontestablement en main de l’école obligatoire, d’abord et fondamentalement. L’éducation parentale est certes capitale, mais de moindre conséquence, pour des enfants surinformés, surcommunicateurs, et vivant en fratries peu nombreuses. L’école, par le regroupement qu’elle implique, par le professionnalisme qu’elle offre, est bien mieux à même d’armer enfants et adolescents pour et au cœur de ce monde en mutation rapide. Une mission délicate, éducative et humaniste, qui demande non seulement compétences, motivation et adaptabilité, mais disponibilité d’esprit et vigilance de tous les instants. Or il ne m’a pas fallu plus d’une séance de Comité central pour m’en inquiéter, les menaces pesant sur l’enseignement bernois ont une conséquence à mes yeux catastrophique: l’effet négatif qu’elles peuvent exercer non seulement sur votre capacité à travailler sereinement, donc efficacement, mais également sur votre état psychologique général. Parents, futurs employeurs ou collègues, tous nous comptons sur cette sérénité des enseignants, sur leur équilibre personnel, pour que les enfants vivent la scolarité la plus sécurisante et enrichissante possible. Il en faut, de la force de caractère et de la faculté de distanciation, pour préparer et dispenser des leçons en occultant complètement l’attitude méprisante du monde politique à l’égard de sa profession et même à l’égard de l’école en général! Aussi me garderai-je bien des «y’a qu’à» et autres reproches à l’égard de ceux, parmi les enseignants bernois, qui occultent les dangers planant sur la profession et consacrent leur énergie à l’exercer, «simplement»! Pourtant, en écho à Ulrich Knuchel, je vous répéterai encore et encore que votre vigilance est la meilleure garante d’une situation professionnelle digne de ce siècle et de ce pays. Une vigilance de tous, qui peut se traduire par un engagement syndical concret, au sein du comité ou des commissions, mais qui s’avère également très productive si elle se «limite» à soutenir ces organismes. Ce soutien passe notamment par la Journée des enseignants du 7 mars prochain, la plus importante réunion depuis des années, et, plus indispensable encore, par la manifestation de Berne le 16 du même mois! Votre Comité central dépense temps et énergie sans compter, actuellement surtout, pour faire entendre votre voix dans les milieux politiques décideurs de ce canton. Une participation massive à ces rendez-vous du mois prochain lui donnera la force de relever tous les défis et d’affronter toutes les inconnues de 2013.