Récemment, à l’occasion d’un deuil qui a touché l’une d’entre vous, je vous ai vues agir. Vos mots, vos gestes étaient d’une justesse bouleversante. Qu’on était loin des attitudes et des formules controuvées, les usés «Je suis désolée…», les creux «Ma sympathie, mes condoléances ». Vous avez subi le choc de la nouvelle, vous avez pleuré abondamment, mais sans vous complaire dans votre propre douleur, vous avez embrassé, enlacé, saisi les mains, caressé avec une adhésion et une souplesse que nos cultures surcontrôlées ont perdues. À ma surprise, vous n’avez censuré aucun des sentiments qui peuvent survenir. Les arcs-en-ciel de la larme au sourire, au rire, au fou rire; puis la même gamme à l’envers: vous savez qu’il ne peut en aller qu’ainsi, que la joie et la souffrance sont en écho, et que tout doit être exprimé et partagé. Être, humblement, c’est cela.