Le Chœur du Collège de Delémont a fêté dignement son jubilé

À l’occasion des 20 ans du Chœur du Collège de Delémont, notre collègue, Alain Tobler, a signé une célébration à la fois festive, émouvante et vivante en proposant un spectacle de grande qualité. 

Durant deux soirées, pas moins de 80 voix se sont réunies à Vicques pour interpréter un répertoire varié et moderne. Plusieurs générations se sont retrouvées. Une cinquantaine d’ancien·nes élèves sont revenu·es pour chanter encore une fois, comme au premier jour. La bonne ambiance et la joie de partager un moment ensemble étaient palpables, reflet d’un groupe uni par une passion commune.

Enseignant de musique au Collège de Delémont depuis plus de deux décennies, chef de chœur engagé et pianiste, Alain a su insuffler une dynamique unique à cette formation scolaire, la menant bien au-delà de ses murs. La musique est un puissant vecteur de cohésion, de dépassement de soi et de plaisir partagé. Elle a été partagée et ressentie par plusieurs centaines de personnes durant deux magnifiques soirées qui en appellent déjà d’autres selon les souhaits exprimés par les protagonistes. Ce projet met en lumière la place de l’art à l’école et le rôle essentiel de l’engagement personnel, mais aussi de la dynamique collective grâce au soutien de collègues engagés comme Antoine Kauffmann et Alexis Jobin entre autres.

Cette fin d’année était particulièrement chargée pour toi. Parallèlement aux répétitions pour les 20 ans, tu finalisais la rédaction de ton mémoire de master en enseignement spécialisé consacré à la motivation. Quelle est ta recette pour motiver 80 personnes à s’engager dans un tel projet, tout en menant de front autant de choses ?

Je crois beaucoup à l’énergie qu’on dégage quand on fait les choses avec le cœur. Mon moteur, c’est la passion. Et je pense que ça se transmet. Les anciens élèves sont revenus parce que cette chorale, pour eux, c’était un lieu de vie, de lien, de souvenirs et d’émotions. Ce n’était pas juste l’envie de chanter à nouveau sur scène, c’était le besoin de revenir à une époque qui comptait, comme retrouver une part de soi.

Jongler entre le travail de mémoire et l’organisation du jubilé a été un défi majeur, mais les deux projets se sont enrichis l’un l’autre. Mon mémoire portait justement sur la motivation, et je l’ai vécue en direct. Ce qui aurait pu être une source de stress s’est transformé en énergie. L’enthousiasme des anciens, leur envie de s’impliquer, m’a porté. Je suis resté centré sur l’essentiel : construire ensemble, et en retirer du plaisir. Quand je repense à l’émotion partagée sur scène, je me dis que ça en valait pleinement la peine.

Comment trouves-tu l’équilibre entre exigence artistique et accessibilité pédagogique dans un projet musical scolaire d’envergure comme celui-là ?

À mes yeux, l’objectif n’est pas d’atteindre la perfection, mais la sincérité de ce qu’on vit ensemble sur scène. Je choisis des chansons qui résonnent chez les élèves, musicalement, émotionnellement, par leur rythme et leur intensité. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout simplifier. Au contraire, je crois que les jeunes sont capables de beaucoup, pour autant qu’on les accompagne et les encourage avec bienveillance, avec humour aussi, et surtout avec confiance.

Mon exigence principale est simple : chanter ensemble, chanter clair, chanter avec le cœur. Être synchro, articuler, sentir le rythme, et surtout transmettre quelque chose de vibrant. Ça, c’est accessible à tous. Et quand le groupe le ressent, on touche à une forme d’harmonie collective.

Ce projet a été porteur pour tout le monde, y compris pour le public, dont certains spectateurs m’ont déjà proposé leurs voix pour le futur Chœur que je vais fonder avec les anciens élèves. 

Ce Chœur a déjà une belle richesse : un répertoire varié, dynamique et rassembleur.

Il y avait un réel plaisir, visible et audible lors de ces représentations. Quel bilan personnel et professionnel en tires-tu ?

Personnellement, c’est une immense satisfaction. Voir ces élèves, anciens et actuels, heureux, motivés, fiers de chanter ensemble, c’est une joie pour tous. Des liens forts se sont tissés entre générations. Pour moi, les voir revenir au Collège chanter, avec cette énergie et cette envie, c’est presque irréel. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse recevoir en tant qu’enseignant. 

Ce projet a aussi permis à chacun de sortir de sa zone de confort, d’oser monter sur scène, de s’exprimer devant un large public. C’est exactement ce que j’ai étudié dans mon mémoire sur le sentiment d’efficacité personnelle, et là, je l’ai vu se réaliser.

Professionnellement, c’est une confirmation que l’art a toute sa place à l’école. Oui, on peut faire de grandes choses dans un cadre scolaire. On a partagé quelque chose de vrai. Ce jubilé m’a permis de prendre du recul, de voir tout le chemin parcouru, et de constater à quel point un projet artistique peut marquer durablement. Il continue de résonner, bien au-delà du cadre scolaire. Et ça, c’est une source immense de joie et de motivation pour la suite. •