SEfFB: Entre ambition d’inclusion et réalité du terrain

L’intégration dans la partie francophone du canton. État des lieux.

Le SEfFB a été invité, en juin dernier, par les autorités politiques régionales (Conseil du Jura bernois) à dresser un état des lieux de la mise en œuvre du dernier concept d’intégration. Le syndicat s’est appuyé à la fois sur un sondage mené auprès des enseignant·es spécialisé·es et sur l’analyse réalisée par l’association des logopédistes (ARLD-BE). Synthèse du bilan présenté :

Depuis 2022, la révision de la Loi sur l’école obligatoire vise une intégration accrue des élèves à besoins particuliers dans les classes ordinaires. Plusieurs modifications ont alors été introduites, notamment le transfert des prestations de la Direction de la santé publique à celle de l’instruction publique.

Par ailleurs, un système structuré autour de trois types de mesures a été instauré dans les écoles ordinaires : mesures ordinaires (OMO), soutien élargi (SE) et mesures renforcées intégrées (OsEO). Enfin, un poste de conseil et de soutien aux écoles a été créé pour accompagner cette réforme.

Toutefois, la mise en œuvre révèle plusieurs problématiques, notamment une disparité entre les écoles quant aux ressources SE disponibles. À cela s’ajoute le fait que les directions d’établissement, souvent dépourvues d’expertise spécifique, se trouvent en première ligne pour attribuer ces ressources.

La suppression des écoles de pédagogie curative et le transfert des thérapeutes (logopédistes, psychomotricien·nes) vers les écoles publiques ont également bouleversé les pratiques établies. Le Service psychologique pour enfants et adolescents (SPE), désormais principalement centré sur la procédure PES (OsEO), n’assure plus l’accompagnement des écoles comme auparavant.

Le sondage met en évidence une évolution significative de l’activité des enseignant·es spécialisé·es. Le poids administratif, les collaborations interprofessionnelles et les modalités d’enseignement sont les aspects les plus affectés.

Si ces personnes reconnaissent une meilleure prise en compte des besoins des élèves, elles dénoncent toutefois une lourdeur administrative, des effectifs élevés, une multiplication des séances, et parfois un manque de compréhension mutuelle avec les titulaires de classe.

Les projets pédagogiques OMO et SE sont jugés utiles, mais les projets individualisés (liés aux mesures OsEO) sont perçus comme lourds et inefficaces.

L’insatisfaction est particulièrement marquée au cycle 1, où des titulaires doivent gérer seul·es des situations complexes, faute de soutien suffisant.

En ce qui concerne plus spécifiquement la logopédie, la réforme a recentré la prise en charge sur les services publics pour les enfants de 4 à 16 ans, reléguant les tranches 0–4 ans et 16–20 ans aux cabinets privés.

Ce changement a conduit à la fermeture de plusieurs cabinets, faute de patient·es dans les nouvelles tranches d’âge ciblées et à une centralisation des services sur Bienne. Des compromis ont permis de poursuivre temporairement certains suivis existants, mais les délais d’attente se sont allongés, parfois au-delà d’une année. 

Ainsi, certains enfants commencent leur scolarité avec des troubles non traités, en l’absence de prise en charge disponible, ce qui complique le travail des enseignant·es dès l’entrée à l’école. Le canton a réagi dernièrement en créant un nouveau poste de soutien et de conseil dédié spécifiquement à la logopédie. •