Depuis l’épisode de Cortaillod en décembre 2023, le plan AMOK visant à mettre les élèves à l’abri est devenu familier pour la plupart des enseignant·es de Suisse romande. En tout cas dans la théorie…
Tiré du malais « amuk », le terme « amok » signifie une rage meurtrière incontrôlable … Il est évident que personne ne souhaite être confronté à un individu prêt à commettre un acte irréparable, hors de tout contrôle. Malgré tout, si cette situation se présentait, les professionnel·les de l’éducation devraient être prêt·es à réagir afin de mettre les élèves en sécurité et bien évidemment eux-mêmes et elles-mêmes par la même occasion.
Alors que dans certains cantons, les procédures à suivre sont transmises chaque année aux établissements depuis une quinzaine d’années, d’autres ont pris plus de temps pour former ou informer les enseignant·es, les directions d’établissement ou toute personne travaillant dans une école. L’épisode anxiogène de Cortaillod a rappelé l’importance d’être correctement préparé·e afin d’adopter les bons gestes et les procédures idoines.
Ce weekend, j’apprenais en visionnant le 19 h 30 que les procédures et recommandations avaient évolué dans certains cantons. Alors que j’avais appris qu’il fallait se mettre à l’abri et éviter toute initiative personnelle pouvant aggraver la situation, je découvre que dans certains cantons, il faudrait dorénavant tout d’abord fuir et en dernier recours, faire face et résister ! Je ne vais bien évidemment pas remettre en question l’analyse pertinente et les décisions concertées des professionnel·les de la sécurité sur un petit territoire romand de même pas 10’000 km2, mais quelques questions me taraudent l’esprit. Tout d’abord, quelle est ma fonction exacte dans une école ? Infirmer, psychologue, concierge, nutritionniste, pompier, policier, un super-héros capable de tout faire !? Simplement un enseignant à qui on en demande parfois beaucoup et qui fait de son mieux.
Ensuite, qu’en est-il de la responsabilité de chacun·e, confronté·e à une situation jamais rencontrée et particulièrement anxiogène ? Pourrait-on en vouloir à quelqu’un qui n’a pas résisté ? Enfin, je m’interroge sur la disparité entre les cantons ! Comment expliquer les différences de réactions attendues pour une même situation sur un si petit territoire … Les enseignant·es, les élèves, ont-ils, ont-elles des compétences différentes en course à pied, en capacité à se cacher ou en arts martiaux en fonction du lieu où ils·elles vivent ? Pour un dossier aussi important, une absence d’harmonisation est une réelle aberration.
David Rey, président du SER