Après quelques semaines de retour en présentiel pour les élèves et les enseignant∙es à la suite de la crise du COVID-19, le Syndicat des enseignants romands, faitière des associations cantonales romandes et représentant les enseignant·es de tous les degrés, de l’école obligatoire au secondaire II, a tiré un premier bilan de cette crise pour la formation en Suisse. Il faut maintenant se préparer pour la prochaine rentrée qui pourra aussi être impactée par la situation sanitaire. De même, la crise de ce printemps nécessite des décisions politiques claires pour soutenir les services publics et un maintien des investissements fédéraux et cantonaux.

La crise du COVID-19 a envoyé les élèves et leurs enseignant∙es à la maison durant plusieurs semaines. L’enseignement à distance ou plutôt la continuité pédagogique, sans préparation, a été de mise. L’engagement et le professionnalisme des enseignant∙es ont permis au système de se mettre en place. Cela a aussi été le cas lors du retour en classe. Pour le Syndicat des enseignants romands (SER), les écoles doivent être prêtes à la rentrée pour réagir rapidement face à une éventuelle répétition de cette situation. Les cantons doivent préparer ensemble des scénarios pour la rentrée, tenant compte des avis et remarques des professionnel∙les afin d’éliminer les différents problèmes rencontrés. Il ne s’agit pas de reconduire simplement ce qui a été fait. Il faut utiliser les bonnes pratiques identifiées pendant cette période et remédier aux difficultés et défauts constatés. Le SER a déjà pris langue avec les autorités pour travailler ensemble à la mise en place de ces scénarios avant la prochaine rentrée.

Au cours de son analyse de la situation, le SER a tiré de nombreux constats qui le conduisent à formuler des exigences (dans cinq domaines) destinées à garantir la qualité des services publics, en particulier la formation, mais aussi le niveau de vie des familles.

Équipement informatique minimum pour les élèves et les enseignant·es

Sans équipement, l’utilisation plus étendue ou généralisée du numérique à l’école sera un échec. Nous l’avons constaté lors de ces semaines d’enseignement à distance. Une partie des élèves et des enseignant∙es n’est pas équipée en matériel informatique personnel. Pour le personnel enseignant, c’est à l’employeur de mettre à disposition les outils de travail adéquats pour l’enseignement en présentiel ainsi que pour la continuité pédagogique à distance. Pour le SER, il est absolument indispensable que toutes et tous les enseignant∙es soient équipé∙es au minimum d’un ordinateur portable avec les programmes et licences adéquats, mis à jour et adaptés régulièrement, fournis par l’employeur. Il en va de même pour les élèves à partir du 2e cycle.

Les cantons doivent mettre en place un dispositif d’achat, de fourniture et d’entretien pour ce matériel. Le choix devrait se porter sur des solutions indigènes et des logiciels libres. La protection des données doit être garantie.

Pour accompagner le plan d’action en faveur du numérique, un·e responsable technique d’établissement doit être à disposition pour les enseignant∙es et les élèves. Il faut donc créer une formation au niveau romand et ouvrir ce poste dans les écoles.

Répertoire de bonnes pratiques mis à disposition de toutes et tous

Ces semaines de continuité pédagogique ont vu les enseignant∙es faire preuve d’une très grande créativité qui a été unanimement saluée. Il y a eu de nombreux échanges d’expérience à tous les niveaux, comme le montre la page Facebook « Enseignants romands COVID-19 » et ses près de 6’000 membres. Ce travail et les nombreux documents de toute nature créés doivent être aujourd’hui sauvegardés, répertoriés et mis à disposition de toutes et tous les enseignant∙es.

C’est pourquoi, nous demandons à la CIIP de mettre en place un dispositif pour récolter ces sources, les trier, les valider et les publier. Pour ce faire, la CIIP et les centres de compétences ICT cantonaux doivent pouvoir bénéficier de ressources humaines et financières supplémentaires.

En parallèle, la mise en place d’une plateforme numérique romande en tant que bibliothèque pour les enseignant∙es doit être développée. Elle devrait à terme regrouper les plateformes pédagogiques cantonales en prenant les meilleurs aspects de chacune pour répondre aux besoins des enseignant∙es.

Mesures sanitaires et organisationnelles

Les effets sanitaires de cette crise ont montré la nécessité de doter les écoles d’un·e responsable de la protection de la santé au travail. Cette demande avait déjà été formulée. Il est plus que jamais nécessaire que les établissements scolaires puissent répondre rapidement face à une telle situation en mettant des procédures concrètes en place. Seules des personnes formées seront à même de garantir le respect de toutes les mesures de sécurité sanitaire et de santé au travail dans les écoles.

La CDIP et la CIIP doivent mettre en œuvre un plan d’action commun en la matière, y compris dans la formation initiale des enseignant·es concernant la santé au travail, prévoyant aussi la mise en place d’une formation romande de responsable santé pour les établissements scolaires.

Mesures fiscales 2020-2021 pour les familles et les personnes ayant effectué du télétravail

La crise du COVID-19 a eu des répercussions financières sur les salaires d’une grande partie des employé∙es. Afin de ne pas prétériter fiscalement les familles et les employé∙es, le SER demande que des mesures soient prises permettant les déductions fiscales ordinaires, sans réductions liées à la période de confinement, pour les familles et les personnes ayant effectué du télétravail.

Accords dans chaque canton pour que les services publics ne subissent pas les impacts sur les budgets

Partout, le travail, la qualité et l’engagement des enseignant∙es, des autres employé∙es de la fonction publique et des services paraétatiques ont été salués et reconnus par toutes et tous.

Il est clair que le ralentissement économique aura des effets sur les comptes et budgets de la Confédération, des cantons et des communes. Les différents textes légaux, comme les mécanismes de frein à l’endettement, obligeront certains cantons à faire des économies. Nous demandons qu’elles ne se fassent pas sur le dos de celles et ceux qui se sont fortement engagé∙es pendant cette crise.

Le SER appelle donc les autorités à signer un accord avec les partenaires sociaux, accord dans lequel elles s’engagent à ne pas baisser les salaires, à octroyer les différentes annuités et revaloriser dans les cinq ans tous les salaires, et ce tout en garantissant la qualité des services publics.

Pour arriver à maintenir cette qualité, certaines adaptations légales seront de mise, par exemple en introduisant un moratoire sur les mécanismes de frein à l’endettement. Le SER travaillera avec ses différents partenaires, en particulier avec les autres faitières syndicales, pour arriver à un consensus politique aux niveaux fédéral et cantonal pour atténuer les effets de la crise sur les différents budgets.

Le SER demande donc aux différents acteurs politiques de s’engager en faveur des services publics en soutenant les adaptations légales nécessaires.