Il n’est pas rare que les différentes strates organisationnelles de l’école jurassienne nécessitent quelques éclaircissements pour en maitriser les codes. Le corps enseignant applique un certain nombre d’exigences nationales (CDIP), intercantonales (CIIP), cantonales (Loi et ordonnance scolaires) ou locales (règlement scolaire) qui définissent un cadre de travail pour les élèves ou le corps estudiantin. Les séances de parents ou d’information ne suffisent pas toujours à transmettre un message univoque ou à préciser toutes les interrogations des un·es et des autres.
Certains éléments implicites du cadre scolaire peuvent interpeler ou créer des incompréhensions. La plupart du temps, un contact informel par un simple échange verbal entre les parties permet de lever le voile sur une éventuelle différence d’interprétation et clôt le sujet.
Le rôle des directions
Dans d’autres situations, le dialogue s’enlise et le recours au ou à la supérieur·e hiérarchique peut être nécessaire pour apporter un éclairage différent, recadrer ou clarifier les rôles et limites de chacune et chacun. La direction d’une école a donc un rôle important à jouer dans la gestion des situations qui surviendraient entre le corps enseignant et un partenaire scolaire au sens large (élève, parent, CE, Conseil communal, concierge, logopédiste, psychologue scolaire, éducateur·trice, etc.). Dans la même logique, le Service de l’enseignement (SEN), le ministre ou encore le Gouvernement pourraient être appelés à jouer le même rôle dans une situation d’escalade.
Une logique de collaboration
La voie de service a une importance toute particulière dans notre profession. Elle implique de s’adresser directement à la personne avec qui une incompréhension ou un différend aurait cours. Ainsi, si un malentendu a lieu entre un parent et un·e enseignant·e, la voie de service imposera un échange direct entre eux pour éclaircir le cas.
Ce procédé assure la cohérence et l’horizontalité des démarches. Seulement et seulement si cette démarche n’aboutissait pas, l’une ou l’autre partie s’adresserait alors à la direction. Ce principe est primordial afin de ne pas créer des nœuds dans les relations personnelles et interpersonnelles entre les partenaires de l’école et assurer un équilibre au système.
Les interventions directes réalisées auprès de la direction, du SEN ou du SFP (Service de la formation postobligatoire), du·de la chef·fe de service, voire du ministre ne respectent pas ce principe et sont recadrées en rendant aux parties la responsabilité de leurs actions dans une logique de collaboration empreinte de maturité.
Cette procédure horizontale de gestion des incompréhensions permet de réguler les démarches en s’adressant directement aux personnes pour confronter leurs représentations propres, les faire évoluer ou coordonner une réponse mesurée négociée. Dans ces situations délicates, les directions jouent un rôle crucial pour prendre soin du corps enseignant et le protéger.
Une voie à respecter
La voie de service peut avoir des implications très diverses. Par exemple, dans le recours juridique mené par plusieurs collègues et le SEJ contre l’inégalité de traitement de l’allègement pour raison d’âge dès 60 ans, jugé en 2023 par la cour administrative. Ce principe avait été appliqué et le Département, respectivement le Gouvernement de l’époque avaient été sollicités en qualité d’autorité compétente pour proposer ou modifier le cadre légal.
Le SEN et le SFP sont sensibles au respect de la voie de service et les échanges concernant cette thématique sont réguliers avec le SEJ. Votre syndicat est attentif au respect de cette pratique.
Christophe Girardin, secrétaire général du SEJ