Lors de sa conférence de presse du 9 septembre 2024, la Direction de la formation et des affaires culturelles (DFAC) a présenté les résultats de l’étude Ecoplan sur le temps de travail des enseignant·es dans le canton. Les enseignant·es ont été très nombreux·ses à prendre le temps de remplir cette enquête. Comme pour toutes les tâches qu’ils effectuent, ils l’ont fait consciencieusement et avec probité. Les conclusions communiquées par la DFAC à l’issue de cette étude appellent une réaction des syndicats, et ceci à la lumière du rapport Ecoplan luimême. Formation Fribourg tient à ce que le public ait une image complète des résultats de l’étude et que ceux-ci soient replacés dans un contexte général.
Satisfaction des enseignant·es
Les enseignant·es fribourgeois·es aiment leur métier et s’engagent avec passion et persévérance pour la société. Dans cette étude à visée essentiellement quantitative, rappelons-le, la « satisfaction » n’a fait l’objet que de trois questions, qu’il s’agirait toutefois de considérer dans leur ensemble pour en extraire une interprétation pertinente.
En effet, si la satisfaction du métier est évaluée à 7,2/10 en moyenne, la question a trait au métier en lui-même et non aux conditions de travail. En contraste, il est dès lors significatif de constater qu’une personne sur huit envisage un changement professionnel en dehors du système scolaire (447 personnes). Bien que l’étude Ecoplan n’approfondisse pas les raisons de ces intentions, elles transparaissent dans les facteurs de stress et de charge.
Facteurs de charge du personnel enseignant
Parmi les facteurs de stress et de charge évalués par l’enquête Ecoplan, les enseignant·es ont particulièrement relevé le poids des contraintes liées aux charges administratives (84 %), à l’enseignement inclusif (75 %), à la gestion du comportement des élèves (74 %) et aux ajustements du programme scolaire (72 %). Il est en outre intéressant de constater que ces données recoupent les résultats, plus détaillés et approfondis, de l’enquête menée par le SER (Syndicat des enseignant·es romand·es), et le LCH (Association faitière des enseignant·es suisses, Aout 2024). Cet ensemble de données confirme les problématiques d’un métier qui a considérablement évolué depuis la dernière mise à jour de son cahier des charges il y a vingt ans. https://le-ser.ch/wpcontent/uploads/2024/09/Rapport-enquete-de-satisfaction-Suisse-romande-1.pdf
Problématique des heures supplémentaires
Le nombre d’heures supplémentaires moyen d’un·e enseignant·e est de 128 heures, soit 8,6 % par rapport au temps de travail contractuel. Mais cette moyenne générale, déséquilibrée par le poids de pondération des enseignant·es à plein temps (28 % de l’effectif), occulte d’importantes et préoccupantes disparités pour la large majorité des enseignant·es, actif·ves à temps partiel.
L’étude note en effet que l’excédent effectué par les enseignant·es à temps partiel atteint en moyenne 209 heures par an pour un taux d’activité entre 50 et 69 %, 294 heures par an pour un taux d’activité entre 30 et 49 %, et 409 heures pour un taux d’activité inférieur à 30 %, soit respectivement un dépassement moyen de 19 %, 37 % et 107 % du temps de travail contractuel. En définitive, les excédents d’heures s’avèrent ainsi problématiques pour 72 % des enseignant·es fribourgeois·es.
Conclusion
Pour autant qu’on appréhende les résultats dans le détail, l’étude Ecoplan fournit un ensemble de données précieuses pour rendre compte des problématiques actuelles des conditions de travail des enseignant·es. Elle met notamment au jour l’important décalage entre l’évolution de la profession et un cahier des charges qui, n’ayant pas été actualisé depuis vingt ans, génère des volumes d’heures supplémentaires largement supérieurs aux bases légales du règlement (RPEns). Au vu du nombre parfois important d’heures supplémentaires, il apparaît clairement que les fourchettes pour les différents domaines du cahier des charges devraient être revues.
Cette réalité, affectant aussi bien les enseignant·es que la qualité de l’enseignement pour les élèves, doit faire l’objet d’une réflexion approfondie. Par-delà l’étude Ecoplan, les enseignant·es l’ont également exprimé dans l’enquête du SER, de LCH et dans les récentes revendications pour de meilleures conditions d’enseignement qu’ils et elles ont été près de 3000 à signer.
Formation Fribourg appelle ainsi à une prise en compte de ces revendications et des résultats des deux enquêtes dans la perspective de l’analyse qualitative désormais annoncée par la DFAC. Il semble en outre impératif de placer cet approfondissement sous la direction d’un spécialiste neutre externe. Ce n’est en effet qu’à ce prix qu’une telle étude pourra tenir ses promesses et assurer, à terme, des conditions de travail acceptables et durables.
Communiqué de presse de Formation Fribourg