C’est le 23 octobre dernier, au CIP à Tramelan et devant un parterre fourni, que Pierre-Etienne Zürcher, secrétaire général adjoint francophone de la Direction de l’Instruction publique et de la Culture du canton de Berne, a mené les discussions autour du thème du bien-être des enseignant·es ; plusieurs membres du comité central du SEfFB ont assisté à ce forum.

En guise d’introduction, M. Zürcher a rappelé que différentes enquêtes avaient été menées dernièrement (au niveau suisse, via l’enquête de satisfaction menée par le Büro Brägger dans plusieurs cantons comme à Fribourg et Genève). Ces études ont démontré qu’il y avait un lien fort entre le bien-être et la satisfaction au travail. Élèves, parents, directions, organisation et gestion de classe sont toutes des conditions qui garantissent un climat de travail serein. D’autres études scientifiques ont aussi prouvé que la bonne santé du corps enseignant favorise la réussite des élèves à l’école.

Du fait des nombreux défis auxquels le corps enseignant doit faire face, et avec une augmentation des burnouts et des départs du métier, la COFRA – Conférence de coordination francophone – a souhaité présenter plusieurs actions et projets qui peuvent favoriser le bien-être des enseignant·es.

Le modèle du « Cercle d’influence » de Stephen Covey

Le centre ACCES (Accompagnement, Conseil, Consultation pour les Enseignantes, les Enseignants et les Établissements Scolaires) propose des accompagnements à l’ensemble des acteurs et actrices de l’école bernoise francophone. Ces dernières années, le centre a constaté une augmentation de la souffrance au travail. En se basant sur le modèle du « Cercle d’influence » de Stephen Covey, il est possible de déterminer quels sont les facteurs qui influencent le bien-être des enseignant·es. Parmi les éléments clés identifiés, l’environnement et la charge de travail, le soutien institutionnel et émotionnel, l’autonomie, et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle ont été mis en avant. Des conditions de travail optimisées, des relations interpersonnelles saines, ainsi qu’une reconnaissance des efforts réalisés, jouent également un rôle crucial. Pour aider les enseignant·es à maintenir leur cap dans le métier, ACCES propose des mesures tant individuelles que collectives. D’un point de vue personnel, l’introspection, la formation continue et la supervision sont recommandées pour soutenir la résilience des enseignant·es. Au niveau du groupe, des analyses de pratiques professionnelles (APP) et des sessions de coaching favorisent le soutien mutuel et l’échange d’expériences.

Inspirée par la pensée de Viktor Frankl, la présentation a conclu que face à des situations impossibles à changer, il est parfois nécessaire de travailler sur soi-même pour trouver de nouvelles façons d’aborder les défis. 

Projet « L’école en action » 

Géraldine Salvi, responsable du projet à l’École secondaire de Malleray, a présenté ce qui est actuellement mené dans son établissement. Initié et accompagné par la Fondation Radix, ce projet adopte une démarche de gestion de la santé au travail structurée autour d’un processus circulaire. Une enquête en ligne, Job Stress Analysis (JSA), est utilisée pour évaluer les niveaux de stress parmi les enseignant·es et identifier les domaines de l’environnement de travail nécessitant des interventions. Les résultats sont interprétés grâce à un système de couleurs pour cibler les zones critiques.

Quatre domaines d’action prioritaires ont été définis en concertation avec les enseignant·es et un groupe bénévole de prévention interne a été mis en place pour sélectionner des mesures concrètes à implémenter au sein de l’école. Parmi les actions initiales, la création d’une charte de valeurs, mais les premiers résultats ne sont pas encore tangibles. Ce processus inclut aussi des ajustements continus, basés sur une nouvelle enquête prévue en 2025, afin de mesurer l’impact des actions mises en œuvre.

Le financement de ce projet est partiellement assuré par Radix ; avec ce projet, la fondation vise la prévention du stress et le renforcement de la santé des enseignant·es. Ce projet ayant un certain cout, d’autres possibilités de subventions via les HEP et/ou les communes, si les demandes sont formulées en avance, peuvent être accordées. Ce projet est conçu pour être évolutif et s’adapte aux besoins des enseignant·es, en cherchant à instaurer une culture de travail axée sur la santé et le bien-être.

Groupe de Prévention et Santé (GPS)

Virginie Favre-Bulle, directrice des écoles enfantines et primaires de Renan et Sonvilier, a présenté la création et les missions d’un Groupe de Prévention et Santé (GPS) au sein de son établissement. Ce comité inclut divers acteurs et actrices scolaires : directeur·trices, travailleuses et travailleurs sociaux, infirmières scolaires, médiateur·trices et enseignant·es. Son objectif principal est de promouvoir un environnement scolaire sain et de prévenir l’épuisement professionnel des enseignant·es en coordonnant des actions préventives.

Le GPS s’engage à collaborer avec toutes les parties prenantes pour assurer le bon fonctionnement de ses écoles, tout en respectant la confidentialité des informations partagées. Parmi ses missions, le comité prend des initiatives pour identifier les ressources nécessaires, proposer des activités de prévention et assurer le suivi des cas nécessitant une attention particulière.

Dans un souci de prévention de l’épuisement professionnel, Mme Favre-Bulle a souligné l’importance des ressources, tant personnelles qu’organisationnelles, pour maintenir un climat de confiance et de soutien au sein d’un établissement. La collaboration, l’écoute et le soutien offerts par les directions sont essentiels, de même que les aides fournies par le canton, comme les leçons SOS ou les auxiliaires de classe. Le recours à des intervenant·es externes neutres, tel·les que des travailleuses et travailleurs sociaux ou des expert·es en supervision, doit également être valorisé pour apporter un regard extérieur et soutenir les équipes pédagogiques.

Conclusion

Les trois présentations du Forum de la COFRA ont illustré la volonté de promouvoir le bien-être des enseignant·es à travers des initiatives variées et complémentaires. Qu’il s’agisse du modèle du Cercle d’influence présenté par ACCES, du projet « L’école en action » porté par Géraldine Salvi, ou du Groupe de Prévention et Santé (GPS) de Virginie Favre-Bulle, toutes ces approches convergent vers un même objectif : offrir un cadre de travail qui valorise la santé mentale et physique des enseignant·es.

Ces initiatives démontrent l’importance de la collaboration entre collègues, du soutien institutionnel, et des outils de gestion de stress adaptés aux besoins du corps enseignant. Elles mettent également en lumière la nécessité d’un engagement collectif, allant de l’introspection individuelle aux dispositifs institutionnels, pour prévenir l’épuisement professionnel et favoriser une culture d’entraide.

Silvie Devincenti

Autres ressources : « Fil rouge » : www.kja.dij.be.ch
« Noburnout » : www.noburnout.ch 
« Coin des profs » via Santé bernoise : www.santebernoise.ch/coin-des-profs/