La journée syndicale de novembre a été l’occasion d’un moment de réflexion individuelle et collective sur plusieurs thèmes importants actuellement au menu du SAEN. Vos réflexions, déposées sur de petits billets, seront une source d’inspiration pour les prochains mois. Arrêtons-nous au début de cette année 2025 sur le thème principal de la journée : la numérisation.
Le SAEN, par l’intermédiaire du SER, plaide pour une mise en commun romande et nationale de toutes les forces disponibles afin de créer une unique plateforme organisationnelle et pédagogique au service de toutes les écoles de notre pays.
Tel était le postulat de départ proposé. Et voici une synthèse de vos réactions :
Certaines personnes ont émis le souhait de disposer de davantage de tablettes numériques, en particulier pour les élèves BéP du cycle 1, avec un accès wifi au RPN et à des logiciels éducatifs appropriés. Toutefois, il ne s’agit pas d’augmenter déraisonnablement le temps passé sur les écrans, mais de l’utiliser de manière ciblée et efficace, en mettant l’accent sur l’éducation au numérique.
Par ailleurs, plusieurs collègues ont signalé que le RPN et les diverses plateformes officielles offrent trop peu de logiciels attrayants. Souvent, on se contente de proposer des versions numérisées de ce qui existe et se fait déjà sur papier, ce qui n’est ni très utile ni très pertinent. Par contre, il y a une grande attente au niveau des ressources, qui devraient être organisées par degrés et par branches scolaires sur le modèle de ce qu’offrent déjà certaines plateformes privées et payantes. Il est relevé que les productions des autres cantons romands ne sont la plupart du temps pas mutualisées, ce qui est très dommage.
L’accès aux ressources est considéré comme compliqué, puisque celles-ci se trouvent sur de nombreuses plateformes organisées chacune de manière différente. Il y a un vrai besoin de clarté, avec moins de plateformes, mais plus de contenus organisés de manière logique et facilement accessibles. Tout ceci ayant un cout humain et matériel élevé, il est demandé que les cantons romands et les HEP y travaillent ensemble en regroupant leurs ressources.
On ressent aussi une méfiance et une lassitude (trop de numérisation tue la numérisation) bien compréhensible, avec le désir de « ne pas se jeter tête baissée dans un excès d’utilisation des moyens informatiques ». On peut faire mieux en mettant « la numérisation au service de l’enseignement et des enseignant·es et pas l’inverse ». Il s’agit de « renforcer l’éducation numérique tant pour les élèves que pour la formation des enseignant·es ».
Au post-obligatoire, et dans la formation professionnelle en particulier, l’ère du BYOD (chacun apporte son propre matériel) a déjà commencé, avec ses défauts, comme « l’attention des élèves sur d’autres choses (écrans) que les leçons ». Une certaine retenue des enseignant·es aussi, puisque ce système reporte les frais d’achats d’ordinateurs sur les familles et que l’utilisation de ceux-ci n’apporte pas automatiquement une plus-value pédagogique. C’est un outil parmi d’autres, à utiliser de manière réflexive. Toutefois, on souligne aussi une « expérience positive au secondaire 2 avec des cours directement produits numériquement par les ORTRA », ceci « avec une rémunération des enseignant·es créant ces supports ».
Le comité du SAEN constate que le postulat présenté lors de la journée syndicale rencontre une large adhésion au niveau des enseignant·es. Il vous invite à continuer de lui transmettre vos remarques et suggestions dans ce domaine particulier et s’engagera ces prochains mois auprès des autorités cantonales et romandes (SER et CIIP) pour que la réflexion sur une meilleure utilisation du numérique comme outil au service de l’école progresse et aboutisse à des résultats concrets.
Pierre-Alain Porret, président du SAEN