Planète syndicale - 05/2022

Liban : élèves et enseignant·es en souffrance
À la fin mars dernier, l’Internationale de l’Éducation ( IE ) a mené au Liban une mission édifiante, à l’issue de laquelle son secrétaire général, David Edwards, a lancé un appel pressant aux pouvoirs publics et politiques de ce pays, ainsi qu’aux divers donateurs. « Même en temps de crise, les gouvernements doivent donner la priorité à l’accès à l’éducation pour tous les enfants », a-t-il rappelé en affirmant que l’éducation est en grand danger au Liban.
La crise est profonde, dans ce pays où se sont succédé en moins de deux ans l’explosion dans le port de Beyrouth ( qui a détruit ou endommagé profondément 163 établissements scolaires ! ), l’effondrement du système financier national, une impasse politique source d’instabilité croissante, et ceci en sus de la crise sanitaire mondiale.
David Edwards souligne qu’un seul de ces évènements aurait suffi à démolir un système éducatif déjà en grande difficulté. « Or les enseignantes et enseignants de ce pays s’efforcent toujours de maintenir un environnement d’apprentissage de qualité, pour 1,3 million d’enfants et d’adolescents libanais en demande d’éducation »,
remarque-t-il.
Manque d’argent à tous les niveaux
Sa mission a permis à l’IE de constater que les enseignant·es et les écoles survivent dans des difficultés économiques énormes.
Les premièr·es ont vu leur salaire perdre 90 % de sa valeur en deux ans. Et début avril, iels n’avaient toujours pas reçu les indemnités de transports de 2021, ni même les derniers virements salariaux de l’année écoulée. Résultat inévitable : les démissions se multiplient dans le corps enseignant, où l’on est contraint à dénicher une source de revenus complémentaire pour vivre …
Les écoles, pour leur part, n’obtiennent plus les fonds nécessaires à leur fonctionnement normal. Elles sont majoritaires à ne pouvoir acquérir qu’une partie des fournitures de base, matériel informatique compris. De surcroit, certaines écoles sont complètement privées d’électricité, tandis que les autres ne sont alimentées que durant quelques heures quotidiennement.
Les établissements de formation technique et/ou professionnelle sont les plus touchés, car ils ne reçoivent aucun des soutiens financiers versés par des organismes onusiens. Aux yeux de l’IE comme à ceux des syndicats de l’éducation en général, cette situation catastrophique reflète le mépris toujours plus marqué, à l’échelle de la planète, face au rôle unique et irremplaçable du personnel enseignant pour l’avenir de la jeunesse et donc de la société entière.
L’IE a pu constater que malgré même leurs énormes difficultés, les enseignant·es libanais·es se mobilisent pour leurs élèves. Sensibles à la souffrance qu’iels constatent depuis 2020 dans les familles, iels concèdent spontanément des efforts supplémentaires, par exemple en achetant eux-mêmes des fournitures scolaires ou du carburant pour les transports d’élèves. Ceci alors que les décideurs politiques font passer l’éducation au second plan, ce qui est tout simplement inadmissible.
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