D’une mode à une plus-value éducative?

On ne négocie pas avec une canicule. Elle s’impose. Et elle impacte entre autres la santé, l’environnement, les infrastructures ou la productivité de certains secteurs. Pour s’adapter aux effets d’un changement climatique attesté scientifiquement, voire pour en limiter l’ampleur, divers secteurs de la société prennent, peu à peu, des mesures. La durabilité peut ainsi être considérée d’une part comme une tendance de fond, mais est aussi de toute évidence devenue un argument marketing, commercial ou politique. Au niveau de la formation, les débats politiques regroupent les voix qui estiment qu’aborder la durabilité en contexte scolaire est de l’ordre de la « propagande » et de la « prise en otage » des élèves, alors que d’autres estiment que de ne pas le faire relève d’un « aveuglement idéologique ». Comment se positionne l’École dans tout cela ? Au-delà des effets de mode et des enjeux idéologiques, l’éducation à la durabilité ( ED ), souvent encore appelée éducation en vue d’un développement durable ( EDD ), peut-elle répondre à un besoin des jeunes, et amener une plus-value pédagogique ?   

Le développement durable est inscrit dans la Constitution Suisse, et la stratégie fédérale y relative considère que le système de formation suisse se doit de rendre les personnes « capables de reconnaitre l’importance du développement durable et de participer de manière active et réfléchie à sa conception ». Cela implique « qu’intégrer les aspects du développement durable dans tous les parcours de formation s’avère crucial ». L’EDD fait ainsi partie intégrante du Plan d’étude romand (PER), sera intégrée dans le nouveau plan d’étude cadre de la maturité gymnasiale, et peut-être à terme au niveau des écoles professionnelles. L’offre de formation correspondante s’étoffe au niveau des Hautes écoles pédagogiques ( HEP ). Le canton de Genève est doté depuis plusieurs années d’un réseau de référent·es EDD au secondaire et dans le canton de Vaud, un réseau similaire se déploie dans toutes les écoles. Il semblerait donc que les institutions scolaires ne considèrent pas que parler de durabilité à l’Ecole soit problématique. Reste maintenant à savoir comment le faire.

Ce dossier présente des travaux en cours menés par divers·es professionnel·les de l’éducation afin d’explorer les possibles pour implémenter une ED, et identifier son apport.

Il commencera par donner un aperçu sur l’ED ( Lausselet ), puis Gremaud et ses collègues proposeront un outil didactique facilitant la mise en œuvre de l’interdisciplinarité ( cycle 2 ) avant que deux exemples de séquences intégrant un travail au jardin avec des petit·es ( Bertschy & Schuler ) ou des élèves allophones ( Meyer ) ne soient illustrés. Suivront une démarche pour contrer l’écoanxiété dès le cycle 3 ( Sarrasin et collègues ) et différentes ressources à mobiliser en classe : un « jeu de la ficelle » pour réfléchir à l’alimentation ( Martos ), une exposition itinérante sur l’Anthropocène ( Müller et Fierz ) et un livre pour aborder le paysage ( Pache et collègues ). La question de l’évaluation sera abordée par Pellaud & Gey avant que Stäuble & Gentizon ne changent d’échelle pour nous présenter leur manière d’implémenter une approche institutionnelle globale dans leur établissement.

Catherine Audrin & Nadia Lausselet