Radio scolaire: “les Echos du Préau” à Genève

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Pour maintenir le lien avec les élèves, pour les aider à comprendre les médias, la radio est un outil vite apprécié de toutes et tous. Benjamin Huberman, formateur MITIC au Service écoles-médias du canton de Genève, nous raconte le projet de Radio scolaire.

 

Et pour vous aujourd’hui, par temps de confinement, c’est comment ?

Eh bien, on ne peut en tous cas pas dire que cela soit aussi innovant que la pratique de Robert Dottrens ! 

D’ailleurs, 100 ans plus tard, faire de la radio à l’école ressemble plutôt à une certaine forme de “décroissance technologique”. En effet, à l’époque où les écrans se multiplient et semblent obséder l’attention autant des adultes que des élèves, il semble pertinent d’offrir d’autres liens avec les outils de communication. Et j’ai aussi l’impression la radio demeure tout de même très présente dans le paysage social actuel et qu’il le demeurera; peut-être, justement, car il n’accapare pas forcément toute notre attention. 

Le projet de radio scolaire s’inspire très largement de ce que M. Denis Badan propose à travers ses activités à radiobus.fm. C’est lui qui a fourni – gratuitement – le matériel au Service écoles-médias  (SEM-Formation) pour une première année de découverte/prise en main. 

J’ai été titulaire pendant plus de dix ans au cycle moyen, dans différentes écoles du canton de Genève, et je me suis dit que l’activité “studio radio en classe” pouvait être pertinente d’un point de vue pédagogique. C’est ainsi qu’est né le projet “les Echos du Préau”, en automne 2017 !

Quel est le concept de la radio scolaire aujourd’hui ?

Il s’agit d’un projet pédagogique transdisciplinaire stimulant qui invite les élèves à imaginer des contenus sonores, tout en se familiarisant avec un outil journalistique, à ses aspects techniques et sociologiques. 

Quels sont les buts visés ?

La créativité, la musicalité, l’expression orale et l’éducation aux médias. 

La seule “contrainte” que j’impose au niveau du contenu est la création d’un jingle. Ensuite, c’est à eux de construire leur émission en fonction de leurs envies et des exigences de la ou du titulaire de classe. Certaines émissions aiment suivre une thématique particulière comme fil rouge de l’émission. Je pense notamment à “radio 21” qui a articulé ses chroniques, micro-trottoirs et autres ajouts musicaux sur le thème du football. Cerise sur le gâteau, Patrick Müller (ancien international suisse) était présent pour une interview et les élèves ont même pu jouer avec/contre lui à la récréation ! 

De manière générale, ce projet offre l’occasion aux élèves musicien·nes de faire étalage de leurs talents artistiques. Ils et elles apportent volontiers leur instrument en classe, que cela soit pour un jingle, une reprise ou même une composition originale créée spécialement pour l’occasion. Là, je pense à une élève de 8P, dans une classe de 7-8P, qui a composé en fin d’année la musique et les paroles d’une chanson pour souhaiter un “bonne continuation” à ses camarades de 7P. Guitare à la main, elle l’a interprétée “en direct” en classe. Frissons garantis. 

Il a y aussi tout l’aspect journalistique. Animer une chronique pour laquelle on s’est documenté, mener une enquête dans les couloirs de l’école ou les trottoirs du quartier, préparer la venue du maire du village, de Zep ou encore de Darius Rochebin pour une interview exclusive, sont autant d’occasions de se familiariser avec le métier de journaliste. 

A l’aide du matériel, les élèves découvrent les bases du fonctionnement d’un studio radio. 

Finalement, ils·elles sont aussi sensibilisé·es à certains aspects techniques, car ce sont les élèves qui s’occupent de la régie (lancement des jingles et autres contenus pré-enregistrés, allumage et gestion du volume des micros). En fin d’enregistrement, j’aime bien leur montrer comment on peut “tricher” à partir de la bande sonore fraichement créée. Je leur montre comment, avec un logiciel de montage, on peut couper, amplifier ou encore transformer le son.     

Qu’est-ce qu’apprennent les élèves ? 

Alors là… ce serait à eux de le dire ! Ce que je vois en tous cas lorsque je remballe le matériel, ce sont de larges sourires. Ils·elles ont été impressionné·es par le matériel (casques, micros, lumière rouge, table de mixage) et sont curieux·euses, et parfois gêné·es, de se réentendre. Ils·elles apprennent en tous cas que faire de la radio, cela ne s’improvise pas. Qu’il faut veiller à être clair et à animer les contenus de manière cohérente, et que la réussite d’une blague dépend beaucoup de la manière dont elle est racontée !

Quelle organisation concrète de ce projet en classe ?

Concrètement, les classes sont invitées à imaginer une “émission” qui sera ensuite enregistrée dans les conditions du “faux-direct”. Après que les enseignant·es ont fait part de leur intérêt, je me rends dans les écoles afin d’offrir une animation d’introduction. On discute des médias et de la radio au sens large, des éléments-clés de son fonctionnement (électricité, antenne, haut-parleur), puis on écoute la bande FM avant de se centrer sur les podcasts scolaires. Ensuite, nous faisons un ou deux tests d’enregistrement afin qu’ils·elles s’approprient le matériel. Je reste en contact avec les titulaires de classe, puis nous fixons un moment pour l’enregistrement du faux-direct (souvent précédée d’une répétition générale). Les élèves peuvent ensuite découvrir leur émission en ligne. 

Parallèlement, je propose différentes activités d’étayage “autour de la radio” via la plateforme en ligne Petit-Bazar que les enseignant·es peuvent utiliser dans la préparation de leur émission. J’ai aussi invité une radio locale, Radio Vostok, à s’inscrire au programme “École et Culture” du DIP depuis la rentrée 2018 afin d’offrir des stages de découvertes aux classes genevoises et par la même occasion ancrer le projet “Échos du Préau” dans un contexte régional. 

Est-ce que les émissions produites peuvent être enregistrées, écoutées par des autres élèves du canton ?

Oui, rendez-vous sur les Échos du Préau – http://tecfasem2.unige.ch/wp/radio/ – ainsi que sur le site de Radiobus !!

 

 

Propos recueillis par Andreea Capitanescu Benetti